Des petits mots pour le dire
Mis à jour le 22.03.23
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Reportage à Dijon : des séances pour élaborer du commun
Dans la classe de CM2 de l’école Beaumarchais à Dijon (Côte-d’Or), les séances d’EAS se construisent sur les conceptions et les intérêts personnels des élèves pour élaborer du commun.
Comment aborder l’éducation à la sexualité (EAS) avec les élèves ? Cécile Ropiteaux, enseignante en CM2 à l’école Beaumarchais de Dijon (Côte-d’Or), a sa petite idée. En ce mois de février, elle le fait pour la première fois avec sa classe en commençant par laisser carte blanche aux élèves. « Écrivez sur ces post-it vos réflexions, pensées ou questions à propos du verbe aimer », demande-t-elle simplement en distribuant ses papillons de papier. « On peut rester anonyme ? », interroge un élève. L’assurance que « oui » leur étant donnée, chacune et chacun s’y met. Et les petits mots foisonnants révèlent spontanément une grande diversité d’interrogations et de perceptions. « Est-ce que l’amour dure longtemps ? », « À quoi peut-on savoir si on est une fille ou un garçon ? », « Pour moi, aimer ce n’est qu’aimer sa famille », « Il n’y a pas de problème si on est un garçon et qu’on aime un garçon, si on est une fille et qu’on aime une fille », « Ne pas être amoureuse, ça permet de partir en vacances quand on veut »... À la lecture des petits mots, de nombreux doigts se lèvent pour questionner, réagir ou s’étonner. L’enseignante reprend avec les élèves les idées individuelles, les synthétise et les regroupe en faisant émerger des thèmes communs. Elle écrit au fur et à mesure les mots-clés au tableau : sentiment, amitié, famille, mariage, divorce, adoption, sexualité, grossesse, homosexualité et hétérosexualité. Certaines questions fournissent l’occasion d’apporter des connaissances : « L’inceste est un interdit universel », « le préfixe homo ne signifie pas homme mais semblable et concerne autant les femmes que les hommes ».
Bâtir du commun
Ce brainstorming va servir de base à la préparation des séances futures « pour mieux construire ensemble des savoirs communs ». Cécile le fera jusqu’à la fin de l’année en s’appuyant sur divers champs d’enseignement. Les prochaines séquences de sciences seront consacrées à la reproduction des vertébrés et des êtres humains. « Nous travaillerons aussi le vocabulaire anatomique pour qu’il ne prête plus à rire, précise l’enseignante. Passer de termes « bébé » ou poétiques à des mots précis, scientifiques permet que ce vocabulaire devienne un objet d’étude ». Les autres thématiques seront débattues lors de séances d’enseignement moral et civique. D’ici là, albums et documentaires seront mis à disposition, au fond de la classe, proposant des sujets variés et des contenus plus ou moins poussés pour que tous les élèves s’y retrouvent. Les connaissances construites à l’occasion des débats seront formalisées dans des traces écrites. « Le but est aussi qu’ils aient des principes, notamment le respect des désirs de l’autre et de soi-même ». Si Cécile part des préoccupations des élèves, elle abordera aussi le consentement et la prévention des violences sexistes, sexuelles et familiales qui n’ont pas émergé ce matin. « Ça fait partie des enjeux forts de l’éducation à la sexualité », rappelle-t-elle.