Diminuer les effectifs
Mis à jour le 06.09.21
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Reportage à l'Ile-Saint-Denis où la cour est un espace de jeux et de repos
Penser la cour comme un espace de jeux et de repos, c’est l’ambition de cette école élémentaire de l’Île-Saint-Denis (93).
Il est 10h15, quand les deux élèves de l’école élémentaire Samira Bellil, à l’Île-Saint-Denis (93), arrivent dans la cour pour installer le matériel de la première récréation. Filet de badminton, raquettes, caisses de matériel de jeux, vélos, plots de délimitation, tout est en place pour que les trois classes investissent l’espace de ce premier temps de récréation. « Nous avons décidé il y a quelques années de séparer l’école en trois groupes pour les récréations, sur trois temps différents », explique Karim Bacha, directeur de cette école de 9 classes relevant de l’éducation prioritaire, « sinon c’était plus de 200 élèves qui se côtoyaient sur cet espace restreint et je me suis vite rendu compte que l’on créait une situation explosive ». Lorsque ce directeur arrive sur l’école en 2013, il trouve une ambiance de cour de récréation qu’il n’hésite pas à qualifier « d’anxiogène ». « Beaucoup de conflits, s’y déroulaient et cela impactait directement les apprentissages car le retour en classe n’était pas serein », se souvient-il. Aujourd’hui, les élèves se répartissent dans tous les espaces et notamment dans la zone qui se trouve tout autour de la cour qui a la forme d’un grand carré bitumé. Un brin de pelouse, une cabane, des petites tables, un banc en bois autour d’un arbre et même une serre pédagogique gérée par le centre de loisirs de la ville. « L’équipe a pensé la cour pour que les élèves puissent jouer sans se gêner, se poser, discuter, lire éventuellement », explique Karim.
Des aller-retours
En 2015, l’équipe met en place un conseil des délégués de chaque classe. De nombreuses activités y sont décidées, nécessitant de sortir beaucoup de matériel. Un plan de cour est établi. « Rapidement, l’équipe s’est rendu compte que c’était trop ambitieux et trop lourd à porter », raconte le directeur. Dans le même temps, le conseil des maîtres et maîtresses décide de passer de deux à trois groupes de récréation réduisant ainsi la jauge de 90 à 60 élèves. « Ce fut un vrai soulagement d’ambiance », se souvient Karim et « j’ai proposé une rotation des adultes de surveillance permettant de leur dégager des temps de pause ». L’équipe fait également le choix de mélanger les âges et les cycles dans chacun des groupes afin de varier les situations de jeux et éviter la récré des « chouineurs » et celle des « bagarreurs ». « Ce groupe inter-cycles et cet espace libéré pour chacun permettent de vivre trois temps de récréation sans quasiment aucun conflit », rapporte le directeur. Les enseignant•es qui comme Karim ont un peu de bouteille dans l’école ne reviendraient en arrière pour rien au monde. « L’école est apaisée et on peut se consacrer pleinement aux apprentissages », ra-content-ils en chœur. L’équipe a même, après un essai de trois semaines, accepté de supprimer les deux temps de 10 minutes dans la cour pour les entrées du matin et de l’après-midi et accueillir les élèves directement en classe. Dans le même temps d’autres projets naissent, Stéphane Daubilly, enseignant de CM2, a réalisé avec ses élèves une table de ping pong, un panier de basket et des push cars, sortes de caisses à savon. De quoi alimenter fierté et sentiment d’appartenance au sein de l’école.