EAC : une ouverture sur le monde

Mis à jour le 16.06.22

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Les arts et la culture sont considérés comme essentiels dans le développement de l’enfant

Les apprentissages consacrés aux arts et à la culture sont considérés comme essentiels dans le développement de l’enfant et s’inscrivent dans un objectif de découverte d’autres univers culturels. Même si le temps et les moyens impartis à l’enseignement de ces disciplines font parfois défaut, les expériences sur le terrain s’avèrent fructueuses.

Bien plus qu’une simple porte d’entrée vers les autres disciplines scolaires, l’éducation artistique et culturelle (EAC) constitue aujourd’hui un élément essentiel de l’émancipation des jeunes élèves. L’expérience prouve, en effet, que cet enseignement représente un facteur déterminant pour lutter contre les inégalités entre les enfants dont les familles sont éloignées de la culture scolaire attendue et les autres. Visiter un musée ou un monument historique pendant le temps scolaire, écrire et jouer une pièce de théâtre, assister à un concert ou réaliser un film… autant de pratiques qui sont, par ailleurs, le moyen d’ouvrir les enfants sur le monde qui les entoure, de les confronter à la multiplicité des cultures, d’enrichir leurs savoirs et leur sensibilité. Les enseignantes et enseignants ont su utiliser ce levier qui figure en bonne place dans la loi de refondation de l’école de 2013. Un rapport du ministère de la Culture, publié en mars 2020, révélait que pendant l’année scolaire 2018-2019, huit élèves du primaire sur dix avaient participé à une action ou un projet relevant de l’éducation artistique et culturelle.

Si l’EAC est donc désormais sur les rails et joue son rôle dans une visée démocratique, émancipateur et social pour tous les enfants, les objectifs assignés à cet enseignement – développer les connaissances des enfants, leurs pratiques artistiques et la fréquentation des œuvres et des artistes – s’avèrent parfois difficiles à mettre en œuvre en raison de moyens financiers insuffisants et d’injonctions ministérielles fluctuantes. Alors que seulement deux composantes de l’EAC – les arts plastiques et l’éducation musicale – figurent dans les programmes en tant que disciplines à part entière, cet enseignement pratiqué à la fois dans et hors la classe se développe surtout grâce à des partenariats noués avec les collectivités territoriales, les structures culturelles et les artistes. Des dispositifs jugés essentiels par les PE, qui ne bénéficient, pourtant, d’aucune formation spécifique.

Enjeu d'égalité et de citoyenneté

Pour les spécialistes du système éducatif, l’éducation artistique et culturelle demeure un pivot essentiel dans la construction de citoyennes et citoyens éclairés. Ainsi, Lisa Marx, chercheuse en sciences sociales, souligne la dimension démocratique de l’EAC : « L’enjeu est de dépasser une vision normative, universaliste et hiérarchisée de ce que doit être la culture, associée à la démocratisation culturelle, pour aller vers une approche plus horizontale, où la culture de chacun est valorisée et permet de créer du lien et du commun ». Dans les classes, les PE constatent l’apport essentiel de l’EAC au développement de l’enfant. À la maternelle Bauernhof d’Eckbolsheim dans le Bas-Rhin, Patricia Kammerer note, par exemple, que les jeunes enfants s’ouvrent spontanément à la découverte de différents lieux et expressions artistiques. « À cet âge, ce sont de vraies éponges, précise l’enseignante. Ils absorbent des émotions et sont amenés à réfléchir. Je leur fais découvrir des lieux de culture pour la beauté de l’endroit, pour l’originalité de ce qu’ils vont y voir et pour leur donner envie d’y retourner ». À Marseille, les élèves d’une classe de 6e SEGPA du collège Jean-Claude Izzo font de leur côté l’expérience de la création, de la production et du tournage d’une œuvre cinématographique. « Ce type de projets apprend à nos élèves à aller au-delà de leurs limites, à prendre confiance en eux, à se rendre compte de ce dont ils sont capables », confie Sylvie Zachariades, enseignante spécialisée. La sociologue Nathalie Montoya considère que « l’éducation artistique et culturelle suscite un fort engouement de la part des acteurs culturels et éducatifs car elle est aujourd’hui le réceptacle de toutes les utopies contemporaines et que ces projets sont des lieux d’expérimentations importants, relativement précaires et qui font souvent l’objet de réinventions, de bricolages ».

FsC 483 Dossier PG©Millerand-NAJA

FINANCEMENTS EN BAISSE

Le rapport « L'enseignement en cours moyen : état des lieux et besoins » de l’IGESR* note que les enseignements artistiques apparaissent dans les emplois du temps sous de nombreuses appellations – arts, enseignements artistiques, éducation musicale, musique, arts visuels, arts plastiques, histoire des arts, etc. – qui sont sans doute l’héritage de programmes antérieurs. Le rapport souligne une méconnaissance des programmes probablement du fait d’un manque de formation des PE. En revanche, le rapport n’évoque pas les moyens alloués aux classes. Or, c’est un élément essentiel pour pouvoir mener à bien des projets. Si en 2018, la quasi totalité des élèves d’école primaire ont bénéficié d’au moins une action ou un projet relevant de l’éducation artistique et culturelle (EAC) ; en 2020, le ministère a fait le choix de diminuer les financements de l’EAC au profit des Pass culture et ce sans explications.
* Inspection générale de l'éducation du sport et de la recherche.

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