Ensemble pour se lancer

Mis à jour le 22.03.23

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Reportage à Nantes où l'équipe s'appuie sur le collectif pour concevoir l'EAS

L’équipe des Garennes de Nantes (Loire-Atlantique) s’appuie sur le collectif de travail pour oser concevoir l’éducation à la sexualité.

Il est midi à l’école élémentaire des Garennes et entre salades et bottereaux, les enseignant•es échangent autour d’une progression à construire. Un conseil de maîtres et maîtresses ordinaire si le sujet n’était pas les trois séances à l’éducation à la sexualité. L’équipe a déjà travaillé sur l’égalité fille-garçon mais n’a jamais abordé cette entrée délicate. L’intention et les enjeux de compenser le manque de formation par une appropriation collective sont partagés, pourtant les premiers échanges restent discrets. Céline Sierra, enseignante en CP-CE2, a apporté quelques livres ressources mais personne n’ose encore les feuilleter... L’arrivée de Barbara Gaury joue alors un rôle de désinhibition. Infirmière rattachée au pôle santé globale de l’enfant (PSGE) de Nantes, elle intervient de la GS jusqu’au CM2, en partenariat avec l’éducation nationale. La présentation de ses outils capte l’attention. Planches, livres ou puzzles du corps sexué permettent d’aborder la connaissance de soi. « C’est important de poser des mots, de nommer précisément et de situer les parties du corps y compris les seins, les fesses, la vulve et le pénis, indique-t-elle. Je fais le choix de ne travailler qu’avec des représentations, jamais avec des photos ». S’appuyant souvent sur des histoires, elle organise des débats sur les sentiments, l’intimité, le consentement, les risques de violences... Mélanie Bardoux, maîtresse des CP, confirme : « Ce serait réducteur de ne parler que des organes, c’est important de travailler sur les relations. »

Autoriser à dire

Cécile Nerrière, enseignante en CE2-CM1, partage à son tour son expérience. « Je me souviens d’enfants qui après les séances disaient : « Maintenant, on sait ! ». Cela leur permet de sortir de mythes, de représentations stéréotypées ». Elle témoigne également d’une libération de la parole et d’une enfant qui a ainsi pu dénoncer une situation d’inceste. « Je veille aussi à éviter le jugement, en particulier vis-à-vis des pratiques culturelles des familles », ajoute Cécile. L’heure tourne, les documents se mettent à circuler autour de la table. Pour Céline, ce temps de partage est un préalable nécessaire : « Nous n’avons ni formation, ni manuels. On ne part pas d’une page blanche mais de nos conceptions, de nos pudeurs ». Rachel Cargouet, sa binôme de classe, confirme : « Le sujet est difficile à aborder, il faut sortir de nos normes, nous déranger ! ». Barbara renchérit : « Ce ne sont pas les enfants mais nous qui ne sommes pas prêtes ! ». La verbalisation entre pairs des appréhensions, l’aveu du manque de certaines connaissances permettent de lever les premiers freins et de donner une impulsion. Pour Céline, « le groupe permet de gérer la responsabilité collectivement. Grâce à la réflexion en équipe, on se sent autorisé ! ». « Et puis l’élaboration commune d’une progression est importante, elle permet de sortir d’une intervention isolée, sans suite », explique Franck Moroux, directeur et enseignant en cycle 3. Avant la reprise des cours, l’équipe se fixe trois thématiques de travail – les émotions, l’intimité et le consentement – avec une envie palpable de poursuivre les lectures avant la prochaine réunion.

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