Eviter la confusion
Mis à jour le 13.01.22
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Eclairage : malgré divers types d'évaluations, le modèle normatif et concurrentiel domine.
Malgré divers types d’évaluations, le modèle normatif et concurrentiel domine.
L’évaluation recouvre une polysémie de réalités. Évaluations externes des systèmes éducatifs (PISA, PIRLS, TIMSS…), examen certificatif conduisant à un diplôme, dispositif visant à mesurer la « qualité » d’enseignement, vérifications de connaissances pour une orientation, dans des situations d’enseignement… S’extirpant du modèle humaniste où la mesure de résultats n’était pas une nécessité, l’évaluation s’est développée depuis les années 60 avec la massification scolaire. Déjà en 1979, dans un contexte de justification des dépenses publiques, les premières évaluations nationales en CP participent d’une autre logique. Elles visent, par une observation d’acquis ciblés, à guider les enseignements, dans le cadre d’une mise en concurrence des élèves puis des établissements. Dans cette optique, depuis une quarantaine d’années le ministère met en œuvre des évaluations tantôt de masse, tantôt par échantillon. Parfois les équipes les investissent pour étayer leurs réflexions, telles celles de CE2 de 1989.
Qu’elle soit diagnostique, sommative ou en cours des apprentissages, l’évaluation ne peut être détachée des valeurs portées ni des savoirs visés. En classe, elle génère plusieurs malentendus. Elle crée, selon le sociologue Philippe Perrenoud, un rapport utilitariste aux savoirs, au travail et à l’autre. De plus, elle valide souvent un curriculum caché, c’est-à-dire des savoirs et habiletés implicites liés à une maîtrise familiale de la culture scolaire. L’évaluation reste bien souvent normative, comparant les résultats à un attendu, à un profil type, à un niveau moyen. D’autres formes évaluatives permettent pourtant d’en faire un levier pour apprendre. L’évaluation formative propose d’associer l’élève en lui donnant des éléments pour progresser. L’évaluation formatrice, en étayant la précédente d’un regard réflexif sur l’activité, offre les premiers pas d’une autorégulation et d’une autonomie.