Harcèlement scolaire

Mis à jour le 14.01.22

2 min de lecture

Itv d'Eric Debarbieux, chercheur dans le domaine de la violence en milieu scolaire

ÉRIC DEBARBIEUX Professeur en sciences de l’éducation et chercheur dans le domaine de la violence en milieu scolaire.

FsC 479 Harcèlement Debarbieux © Mira_NAJA

Quels sont les signes du harcèlement ? 

Un signal isolé ne doit pas faire conclure à un cas de harcèlement. Globalement, le harcèlement est constitué de faits « ordinaires » qui ont tendance à être minimisés par les adultes, avec une vision fréquemment sexiste. Cela peut être aussi constitué d’évènements visibles et fréquents comme un enfant qui se fait frapper ou bousculer en récré. Le harcèlement est souvent invisible, les victimes ne disent rien, ont honte, peur, se sentent coupables et/ou ne savent pas que cela relève du harcèlement. Le repli sur soi, le désintéressement scolaire, l’absentéisme sont des signaux que peuvent repérer parents et enseignants tout comme les maux psychosomatiques. Mais attention à ne pas exagérer chaque signe, il faut être attentif à leur répétition.

Le dispositif phare et la proposition de loi Balanant, des réponses adéquates ? 

Il faut se méfier du « prêt-à-porter » car chaque cas ou prévention de harcèlement va dépendre de la mobilisation d’un collectif, d’un cousu main soumis au contexte local. Les méta-analyses montrent aussi que les programmes les plus efficaces sont capables de faire descendre le harcèlement de seulement 15%. Croire qu’une action uniquement à l’école va régler les difficultés est une illusion totale. Le harcèlement se construit collectivement, des individus qui se soudent entre eux, un « nous » contre un « lui », souvent d’après des critères de genre ou de pseudo race. Le contexte politique actuel, les discours démagogiques sont très inquiétants, ils ont un impact dans les cours de récré et les adultes en sont responsables. Quant à la loi, en créant un délit spécifique, elle officialise l’interdit mais lorsqu’on aboutit au dépôt de plainte, c’est qu’on a déjà perdu et c’est une tragédie.

Quelles autres pistes ?

La piste systémique est la question du vivre ensemble. Il faut s’interroger sur la place de chacun, non pas pour s’aimer mais pour travailler ensemble, dans la coopération, que chacun soit indispensable à la vie du groupe.
C’est aussi une affaire d’adultes, mes recherches montrent que les mésententes entre adultes, l’impossibilité du travail en équipe, le repli sur soi dans la classe favorisent le harcèlement. Il faut fabriquer des équipes solidaires car le harcèlement est partout et nécessite la mobilisation de tous. Les adultes ont aussi un devoir d’exemplarité, de ne pas opposer un « nous » à un « eux ».

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