Jouer le jeu de la coopération
Mis à jour le 13.01.22
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Reportage à Villeurbanne dans un CM2 où évaluer c'est coopérer et s'entraider
Dans le CM2 de Vanina Citti de l’école Léon Jouhaux à Villeurbanne (Rhône), évaluer égale coopérer et s’entraider.
Les pirates ont souvent mauvaise réputation mais peu de personnes savent que leur code d’honneur était basé sur la solidarité et la démocratie, des notions peu répandues au dix-septième siècle. C’est sans doute la raison pour laquelle on trouve de petits pirates âgés de 10 ans à l’école Jouhaux de Villeurbanne (Rhône). Leur devise : l’entraide. La classe de CM2 de Vanina Citti fonctionne en coopération. Les élèves installés en îlots s’autogèrent. « Il y a cinq groupes de pirates qui travaillent ensemble, qui apprennent ensemble, qui corrigent ensemble, indique l’enseignante. Tous sont solidaires et lorsque l’un d’entre eux dysfonctionne, c’est le groupe qui le régule ». Pour les bilans, cela peut sembler surprenant, mais là aussi, c’est l’entraide qui prime sur le reste. « Évaluer, c’est faire le point sur les compétences acquises ou en cours d’acquisition chez les élèves, observe Vanina Citti. Pour beaucoup, c’est source de stress. C’est ce que je cherche à éviter. Les élèves ont compris qu’évaluer, ce n’est pas sanctionner mais le moment où on fait le bilan de ce que l’on a compris ou pas ». Lorsque Vanina Citti informe ses élèves qu’une des notions travaillées va faire l’objet d’une évaluation, elle organise une semaine de révision et établit un tableau sur lequel ils s’inscrivent en fonction de leurs besoins. « Ils me disent individuellement ce qu’ils pensent devoir retravailler, souligne-t-elle. Parfois, j’ai besoin d’en orienter quelques-uns, mais en général ils sont assez au clair ». Après ce premier inventaire, l’enseignante distribue des cartes de révision sur lesquelles sont indiquées les notions à travailler. Des groupes sont organisés et un « pi-rate-tuteur », un élève ayant acquis la compétence visée, a la charge de la remédiation de ses pairs. « Chaque élève a des compétences, ce qui permet à tous de se retrouver à un moment « pirate-tuteur », explique Vanina.
S'entraider pour réussir ensemble
Une fois les révisions terminées, vient le temps de l’évaluation. Et là encore, dans la classe des pirates, ça fonctionne différemment. Les évaluations importantes, qui viennent clôturer tout un cycle, peuvent être effectuées sur plusieurs temps. L’enseignante s’en explique : « Tous les enfants ne vont pas au même rythme. Je suis donc assez flexible ». Pour la correction, là aussi, c’est original. Lorsqu’une compétence n’est pas acquise, Vanina Citti indique à l’élève sur une carte pirate les notions à retravailler. Des groupes de besoins sont créés à nouveau auxquels s’inscrivent les élèves, un « pirate-tuteur » les accompagne. Les élèves ont, ensuite, la possibilité de repasser l’évaluation. Et lorsque Vanina Citti observe que de nombreux élèves n’ont pas acquis une compétence, elle n’hésite pas à se remettre en question : « Je leur dis que j’ai dû mal expliquer et on retravaille la notion en grand groupe ».