L’Angleterre, inaccessible étoile
Mis à jour le 07.03.22
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Des politiques répressives mettent les migrants et migrantes en dange
Migrant•es : l’Angleterre, inaccessible étoile
« En 2021, plus de 35 000 personnes ont tenté de rejoindre les rives de l’Angleterre dont 8 600 ont été ramenées à terre alors qu’elles se trouvaient en danger ou en péril », soulignait Philippe Dutrieux, préfet maritime de la Manche et de la Mer du Nord, à l’occasion de la présentation de son bilan annuel en janvier dernier. Un nombre de naufragés qui a presque triplé en un an avec une hausse de 194%, d’après l’Office français de l’immigration et de l’intégration. Un bien triste record d’autant que certains migrants, pour la plupart réfugiés, le paient de leur vie. En novembre 2021, 27 personnes ont trouvé la mort sur cette voie maritime fortement fréquentée par la marine marchande et ses imposants navires et dont la traversée par de frêles esquifs est très dangereuse. Cet épisode tragique a marqué l’opinion publique et mis sur le devant de la scène les entraves croissantes aux droits des migrants. De plus en plus de personnes, dont des familles, tentent leur chance, de nuit, sur des embarcations surchargées, sans aucune notion de navigation ou de sécurité. Ce phénomène est devenu un véritable casse-tête politique pour le gouvernement anglo-saxon qui a fait de la lutte contre l’immigration son cheval de bataille, compliquant les relations entre Londres et Paris. Mais chacun se renvoie la balle et la politique migratoire se durcit. La France démantèle des camps et confisque des affaires personnelles sur ses rives tandis que l’Angleterre envisage de pratiquer le « pushback », c’est-à-dire le fait de repousser les migrants en mer, comme c’est le cas dans les eaux méditerranéennes. Des politiques répressives qui ne résolvent rien et augmentent les dangers pour les migrants et migrantes.
CLAIRE MILLOT Secrétaire générale de l’association Salam Nord/ Pas de Calais
Quelles sont les politiques migratoires à l'œuvre ?
Depuis 2018, la politique migratoire n’a fait que se durcir. Les démantèlements des camps avec saisie des affaires personnelles sont devenus la règle. Depuis la grève de la faim de trois membres d’association, les migrants ont le droit de conserver leur tente s’ils s’y trouvent à proximité. Aller manger ou à la douche, c’est prendre le risque de tout perdre! Ils doivent sans cesse se déplacer et ne peuvent plus garder ni vêtements, ni réchaud qui apportaient un minimum de confort. Du côté de l’Angleterre, la loi punit de quatre mois d’emprisonnement toute personne arrivant illégalement sur le territoire.
Quelle peut être l'issue politique ?
Actuellement, il n’y a pas d’issue politique, et nous sommes très inquiets des discours anti-immigration qui se multiplient dans le débat politique. Un discours d’opposition où les frontières de l’Europe se ferment et où des gens vont mourir de froid et de faim. Pourtant la seule solution est d’avoir une volonté politique d’accueil, de lutter contre les passeurs en créant des voies légales, de permettre à ces personnes de partir de leur pays avec un visa.
De quoi ont besoin les associations ?
De tentes, de bâches, de vêtements chauds, d’argent pour renouveler les camionnettes, de payer l’eau et l’électricité ou d’acheter de la nourriture notamment de la viande. Les centres d’accueil et d’orientation qui permettaient un accueil inconditionnel et sans limite de temps doivent être réouverts. Une nouvelle législation, qui permette de créer un statut pour ceux qui n’ont pas le statut de réfugié, doit être mise en place. Ces personnes ne sont pas des chiffres mais ont toutes une histoire propre, on se doit de les accueillir dignement.