L'école, un lieu de contagion ?
Mis à jour le 10.09.21
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Interview de Michaël Rochoy, médecin
MICHAËL ROCHOY, médecin, membre du collectif « Du côté de la science »
Existe-il de nouveaux risques avec le variant Delta ?
Le fait qu’il soit davantage transmissible fait consensus, même si on ne sait pas s’il est plus virulent chez les enfants. En revanche, comme plus de personnes sont contaminées, en particulier les non-vaccinées, il y a de fait plus d’enfants touchés. Il est logique que leur proportion augmente au fur et à mesure. L’essentiel des inquiétudes reste l’augmentation générale des contaminations. Proportionnellement, plus il y a de risques de transmissions, plus il y a de risques de complications. Même si les hospitalisations restent rares chez les enfants il existe des symptômes après COVID, difficiles à identifier, y compris à long terme, pour lesquelles nous n’avons pas de recul. Pour éviter ces problèmes en aval, il s’agit d’en réduire le nombre en amont.
L’école, un lieu particulier de contagion ?
L’école est un lieu clos. Sans masque en maternelle et sur certains temps en élémentaire… comment penser qu’il ne serait pas un lieu de contamination ? D’autant plus que les nouvelles conditions de transmission changent la donne en extérieur. Or le protocole de niveau 2 choisi pour la rentrée implique la possibilité du sport sans masque en intérieur et un brassage entre classes lors des temps de cantine. Augmenter le cumul des brassages possibles, sans masque, annihile les mesures prises à l’école le reste de la journée. C’est assez farfelu tout de même de lever les mesures lors des activités les plus à risque !
Quelle stratégie pour prévenir ?
Le premier souci est qu’il n’y a pas de définition des critères d’un niveau de protocole à l’autre, les ajustements se font au doigt mouillé. Le distanciel dès le premier cas repéré est une mesure raisonnable à maintenir. Le port du masque et le non brassage restent les plus efficients pour permettre d’éviter des passages intempestifs en distanciel. Pour une école ouverte, il faut une prévention efficace. Les tests, pour avoir un intérêt, devraient être faits à un rythme soutenu et systématique, le dépistage actuel assez aléatoire et ponctuel ne constitue pas une prévention efficiente et reste une prévention secondaire. Enfin, même si elle n’est pas d’actualité en attendant les études, il serait pertinent de réfléchir à l’accompagnement des enseignants pour répondre aux questions des familles et des enfants sur la vaccination.