Les urgences en danger

Mis à jour le 18.06.22

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Interview de Frédéric Adnet, chef de service des urgences de l'hôpital Avicenne

FRÉDÉRIC ADNET Chef de service des urgences de l'hôpital Avicenne à Bobigny 

FsC 483 Adnet urgences

Vous alertez sur la situation des urgences, pourquoi ?  

La situation est catastrophique, d’une part par manque de personnel médical et para-médical. D’autre part, la réduction du nombre de lits à l’hôpital entraîne une diminution des possibilités d’hospitalisation des patients et donc un engorgement des urgences qui étaient déjà fragilisées. C’est un cocktail explosif qui aboutit actuellement à des fermetures de services d’urgence. Et cette situation risque de s’aggraver avec les congés d’été des personnels et va très probablement entraîner une morbidité, voire une mortalité.

Quelles en sont les raisons ?  

Ce sont les conséquences d’un hôpital géré par la tarification à l’activité avec un budget dépendant de la quantité des actes pratiqués. En réalité, les cartes sont faussées puisque l’enveloppe est limitée par les ressources fermées de la sécurité sociale. Du coup, pour réduire le budget, on baisse la masse salariale et on augmente la pénibilité du travail. On a voulu transformer l’hôpital en entreprise, dans une course ubuesque à la rentabilité. Un non-sens dans le cadre d’un service public. On a un système à bout de souffle qu’il faut réformer en remettant le malade et les personnels au centre, en remédicalisant la gouvernance et en réduisant le poids administratif. Cette demande du « toujours plus » au nom d’une efficience entraîne des épuisements professionnels.

Le métier de soignant est-il en danger ? 

Il y a un manque d’attractivité certain. Les rémunérations ne sont pas à la hauteur du travail fourni. Les conditions de vie qui en découlent, notamment les difficultés de logement au vu des prix du loyer, amènent les soignants à quitter l’hôpital. D’autre part, les personnels sont déconsidérés, bringuebalés d’un service à un autre. Par exemple, alors que les infirmières acquièrent des spécialisations, on les déplace comme des pions sans tenir compte de leurs « excellences ». De même, on réduit la richesse des métiers de l’hôpital à une négation en parlant de « personnel non-médical ». Ce mépris participe de la dévalorisation et de la maltraitance. L’époque où il existait une fierté de travailler à l’hôpital et une noblesse du métier a été sacrifiée sur l’autel de la rentabilité. Il est urgent de raisonner à nouveau en service public.

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