Nouveaux programmes

Mis à jour le 27.05.24

min de lecture

Complètement réécrits et réorganisés, c'est un carcan

Le Conseil supérieur des programmes ne s’est pas contenté d’amender les projets de programmes en français et en mathématiques pour les cycles 1 et 2. Il les a complètement réécrits et réorganisés, tournant le dos à l’ambition de la réussite de toutes et tous.

Quand l’enfant va faire son entrée en maternelle, il va très vite devoir devenir élève. Quand jusqu’à présent, il apprenait à « mobiliser le langage dans toutes les dimensions » et à « acquérir les premiers outils mathématiques », il découvrira désormais les « programmes de français et de mathématiques du cycle 1 ». Derrière ce changement de vocabulaire, ce sont les finalités des enseignements qui sont modifiées. Le français et les mathématiques « préparent à l’acquisition des savoirs fondamentaux […] dispensés au CP » et pour cela, l’élève doit « se préparer à apprendre à lire » et « … à écrire », selon les intitulés des domaines. Lorsqu’il entre au cycle 2, les programmes détaillent les apprentissages qu’il doit faire « tous les jours », « toutes les semaines », « toute l’année ». Si les repères chronologiques en maternelle conservent une certaine souplesse, ce n’est pas le cas pour l’élémentaire. Alors que la politique des cycles avait pour but de laisser le temps aux élèves d’aller à leur rythme, d’avancer de façon non linéaire, les progressions sont désormais annuelles, voire infra-annuelles. Comment seront pris en compte le nécessaire besoin de l’élève de maturer pour conceptualiser, les allers-retours si utiles à la construction d’apprentissages complexes ?

Tout au long de sa scolarité, l’élève va aussi se voir proposer des apprentissages ponctuels, cloisonnés et parfois mécaniques. Ainsi, la résolution de problèmes dans ces nouveaux programmes vise plus l’application d’une démarche unique que le développement de la plasticité cognitive et les stratégies détaillées relèvent surtout d’un processus proche de « j’apprends, j’applique ». De même, l’enseignement du français en cinq champs séparés se rapproche plus d’une langue à travailler que d’un langage pour construire une culture et une pensée. Face à ce cumul d’apprentissages juxtaposés, l’élève devrait élaborer seul les compétences complexes.

Précocité et uniformisation 

Dans un même temps, l’élève va devoir aller plus vite et plus loin que les élèves d’avant. À la fin du CP, il devra être capable de déchiffrer tous les mots et d’automatiser la lecture des plus fréquents, quand c’était un attendu de fin de cycle auparavant. Il abordera les fractions dès le CP. Il commencera à travailler leur écriture dès la période 2 du CE1 et apprendra à les comparer dès la période 4. Cette précocité dans les apprentissages se retrouve dès la maternelle avec l'utilisation à l’oral d’un système à deux temps avec du futur antérieur ou la capacité à réviser ses écrits comme exemple de réussite dès 5 ans. Si ces compétences ont toujours pu être présentées aux élèves au gré des apprentissages, elles ne sont pas maîtrisables par la plupart des élèves si tôt et peuvent les mettre en difficulté. Pourtant, elles font désormais partie d’attendus qui sont mesurés régulièrement et systématiquement. Les évaluations nationales, doivent, dès le début du CP être utilisées pour « identifier les élèves dont les acquis précédents sont fragiles ». La pédagogie différenciée nécessaire à la remédiation aux difficultés de ces élèves est prévue en dehors de la classe, dans le cadre de l'accompagnement pédagogique complémentaire (APC).

FsC 497 Dossier 2©MILLERAND-Les grenades-Naja

Ces programmes n'affichent plus d'attendus clairs de fi n de cycle ni d’objectifs de culture commune à mettre en œuvre par les PE par des choix didactiques et pédagogiques. Au contraire, ils fournissent « des exemples de connaissances et de savoir-faire attendus des élèves, mais aussi des repères d’acquisition, notamment en calcul mental » pour rendre « plus explicites et plus opérationnels les objectifs [...] afin d’aider les professeurs dans la préparation et la mise en œuvre des séquences d’enseignement ». Derrière cette « aide » annoncée dès le préambule des programmes de mathématiques, une nouvelle conception de la fonction enseignante est à l’œuvre. Il est désormais demandé aux PE d’être des exécutants, enseignant des contenus précis jour par jour, semaine par semaine, et s’appuyant sur ces programmes comme sur un manuel livré clé en main.

Écrire à la rédaction

Merci de renseigner/corriger les éléments suivants :

  • votre prénom n'a pas été saisi correctement
  • votre nom n'a pas été saisi correctement
  • votre adresse email n'a pas été saisie correctement
  • le sujet n'a pas été saisi correctement
  • votre message n'a pas été saisi correctement

Merci de votre message, nous reviendrons vers vous dès que possible