Pédagogie de l'écoute

Mis à jour le 06.03.22

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Interview de Mireille Delaborde, formatrice

MIREILLE DELABORDE ex-directrice d’école d’application et formatrice
Co-auteure avec Pierre Péroz de « 11 histoires pour une année de langage en MS » (Hachette, 2021)

FsC 480 Mireille Delaborde

Qu'est-ce que la pédagogie de l'écoute ?  

Cette pédagogie est fondée sur l’idée de ne pas évaluer au moment où l’enfant parle.
En séance de langage, l’enseignant pose une question ouverte, se tait pour donner la parole aux enfants. En rupture avec un format traditionnel qui met les enfants en concurrence pour répondre le plus vite possible, cette pédagogie propose un espace protégé, avec l’autorisation didactique de répéter ce qui a déjà été dit. Dans les faits, il est rarissime que les élèves répètent à l’identique. Ils utilisent plutôt les autres comme une source pour leur propre énoncé. L’enseignant n’a plus le statut de source unique du savoir et les élèves s’écoutent parce qu’ils ont intérêt à le faire pour s’exprimer. Progressivement, ils prennent mieux en compte ce qui a été dit, leurs énoncés s’allongent et se complexifient sur le plan syntaxique.

Pourquoi proposer des textes d'origine culturelle diverse ? 

L’intérêt est essentiellement de se référer à un patrimoine mondial. Russe ou africain, chaque conte ne contient que ce qui est nécessaire pour comprendre les intentions des personnages. Les textes ne sont pas illustrés. Ce choix de récits bruts s’appuie sur les apports scientifiques montrant que le partage de l’image ne permet pas de complexifier ce qu’on dit. La disponibilité d’informations par l’image génère des déictiques – « ici », « là »… –. Sans image, l’énoncé doit prendre en charge les informations. La pédagogie de l’écoute est incompatible avec la lecture d’albums illustrés, à proposer bien sûr avec d’autres finalités que l’allongement des énoncés. 

Quelle prise en compte de la diversité des élèves ?  

Les enfants les plus fragiles comprennent qu’ils ont le droit de répéter mais le font en se réappropriant les énoncés des autres à leur façon. En situation de concurrence, quand les bons élèves ont répondu, le temps manque aux plus fragiles pour s’exprimer. Ici, tant qu’il y a un doigt levé, la parole circule. L’expérience est concluante, y compris en éducation prioritaire avec de nombreux enfants allophones. Puisque ce n’est pas la bonne réponse qui est attendue, celle qu’il faut produire vite, les enfants, sensibles à la protection de leur parole, osent tous parler, même avec un bagage lexical et syntaxique réduit au départ.

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