« Une approche transdisciplinaire »

Mis à jour le 25.11.19

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Olivier Morin explicite ce que devrait être l'enseignement au développement durable

18  Photo O Morin

Olivier Morin est maître de conférences en didactique des questions socialement vives en sciences et éducation au développement durable à l’université Lyon 1

« Enseigner au développement durable », c’est-à-dire ?

L’important pour les enseignants est d’amener les élèves à reconnaître que nos sociétés ont fait, font en permanence des choix, mais aussi que d’autres choix sont possibles. Il s’agit d’aider à comprendre les contextes particuliers dans lesquels des orientations sont choisies, de mesurer les moyens d’action dont on dispose pour renouveler ou réajuster ces choix. C’est ici que les disciplines apportent des clés de compréhension. La durabilité peut être intégrée et questionnée au quotidien dans l’enseignement en développant deux compétences : la réflexion critique et l’engagement, quelle que soit la discipline. Et ceci va bien au-delà de la sensibilisation à l’environnement ou de l’incitation aux « éco-gestes ». Il faut viser la participation et la créativité des élèves face aux enjeux d’avenir, en leur donnant les moyens et l’envie d’agir collectivement.

Comment articuler avec les disciplines scolaires ?

Cette articulation émerge dans la construction du sens à attribuer aux situations environnementales authentiques que les élèves perçoivent, celles pour lesquelles l’histoire, la géographie, l’économie, les sciences de la vie, la philosophie... éclairent les causes et conséquences possibles de choix passés ou à venir. Dans les enseignements français du premier et du second degré, il avait été décidé de ne pas développer une nouvelle discipline, qui aurait pu s’appeler « sciences de l’environnement », mais au contraire de privilégier une approche transdisciplinaire. Par exemple, le débat actuel sur l’usage de pesticides en agriculture à proximité ou non des habitations peut être une opportunité en classe de découvrir ou de mobiliser des savoirs de biologie et d’écologie, comme les conditions de croissance des végétaux ou la compétition entre espèces. Mais cela fait aussi appel à l’approche systémique des sciences humaines (histoire, géographie, économie) et à la discussion (EMC, philosophie) des valeurs que nous souhaitons partager.

Quelle formation ?

Il faut faire vivre aux enseignants des situations comme on voudrait qu’ils les fassent vivre à leurs élèves. Avec des démarches d’enquêtes, des projets qui privilégient les sorties sur le terrain, aident à comprendre les rétroactions et les mécanismes de choix collectifs. À poser les apprentissages à partir de problématiques proches comme « Doit-on construire un plus grand parking sur le campus ou alors rendre plus compliqué l’accès en voiture pour privilégier les déplacements doux ? » Il s’agit bien d’apprendre à questionner ensemble les normes de nos sociétés et les valeurs qui sous-tendent nos choix collectifs, sans dogmatisme, mais avec toute la précision et la richesse des savoirs disciplinaires. Elle doit permettre aux enseignants de maîtriser ces savoirs-clés, mais aussi les aider à identifier les besoins de savoirs générés par les questions vives de l’actualité.

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