Vivre et enseigner ailleurs
Mis à jour le 14.01.22
min de lecture
Portrait d'Isabelle, enseignante de Martinique au Canada
VIVRE ET ENSEIGNER AILLEURS
Isabelle Hélène, professeure des écoles dans l’académie de Martinique a pris, depuis 2008, un nouvel élan au Canada.
Sa carrière professionnelle a débuté en 1992 sous les alizés de la Martinique où Isabelle Hélène a occupé des postes de brigade départementale ou de ZIL. « En 2008, j’avais moins d’attaches en Martinique et besoin de changement, confie l’enseignante. J’ai choisi de venir au Canada, ce pays correspondait aussi à mes attentes pour mes enfants. » Pour réaliser son projet, Isabelle Hélène, 54 ans, a d’abord demandé à être sur la liste d’aptitude pour enseigner dans le second degré. Grâce à cela, elle a obtenu une formation professionnelle de mise à niveau à Montréal au Québec. L’obtention de son diplôme lui a ensuite ouvert un droit d’une année à un permis de travail. Une opportunité s’est alors présentée sous la forme d’un remplacement d’une année au Collège International Marie de France de Montréal. C’est à ce moment-là qu’elle a fait la demande du statut de résidente, un statut qu’elle détient depuis plus de six ans maintenant.
Mon école au Canada
Le collège, au Canada, couvre une scolarité qui va de la moyenne section à la terminale. « Les élèves ont 25 heures de cours par semaine réparties du lundi au vendredi », précise Isabelle qui enseigne en CM2 à 27 élèves. « L’école est gérée un peu à la française avec un directeur et un proviseur et un peu à l’américaine via un conseil d’administration où les parents sont très présents et exigeants, constate-t-elle. La relation aux parents mobilise ainsi pas mal d’énergie. » « Plus de la moitié de nos élèves ne sont ni français, ni francophones, avec plus de 60 nationalités représentées, souligne-t-elle. Très souvent, le français n’est parlé qu’à l’école ». Le revers de la médaille est que le vocabulaire en français est parfois fragile. Il est une préoccupation constante dans l’enseignement d’Isabelle. Des heures de Français Langue Etrangère (FLE) sont également dispensées par des spécialistes. Les heures que les élèves passent avec les enseignant•es d’EPS ou de musique permettent, en outre, aux maîtresses de CM2 de prendre des petits groupes ou de faire de la co-intervention dans les classes de leurs collègues. Isabelle Hélène observe par ailleurs, une forte tendance à la médicalisation des difficultés scolaires. De nombreux enfants sont traités pour troubles de l’attention avec hyperactivité. « Cette année, explique Isabelle, a été créé un poste de conseiller en éducation inclusive. Sa mission est de rencontrer les élèves à besoins particuliers, participer à la construction du lien avec les familles et aider à la mise en place des plans d’adaptation personnalisé. Il existe aussi des « orthopédagogues » qui interviennent sur les cycles 1 et 2. »Du côté de la formation, aux offres de l’Agence pour l’enseignement du français à l’étranger (AEFE) s’ajoutent celles du gouvernement québécois et celles proposées par l’Association québécoise des enseignants du primaire (AQEP). « Mais, la crise sanitaire a favorisé le distanciel et limité les accès à ces formations », déplore l’enseignante. Isabelle Hélène peut éprouver de temps en temps de petites pointes de nostalgie. « J’aime beaucoup mon pays mais j’aime beaucoup la vie ici », conclut-elle.