Une réelle prise en compte de la santé au travail

Mis à jour le 27.11.22

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"Un diagnostic pour la mise en place de dispositifs" : Isabelle Musseau analyse la situation de santé des PE qui sont impactés par les risques psychosociaux qui devraient passer par un suivi médical au travail. Quel rôle des réseaux de prévention ?

Isabelle Musseau est administratrice nationale déléguée aux accompagnements à la MGEN, notamment des questions de bien-être au travail

UDA 2022 Isabelle Musseau©Millerand-Les grenades-Naja

Les PE sont-ils impactés par les risques psychosociaux ? 

On identifie des causes multifactorielles des risques psychosociaux (RPS) : à la fois des situations complexes d’organisation et de conditions de travail, la qualité des relations, le sentiment de manque de reconnaissance. L’identification de ces situations par le terrain permet de poser un diagnostic pour la mise en place de dispositifs, tels que les réseaux Prévention, aide, suivi (PAS).

Que sont les réseaux Prévention, Aide, Suivi (PAS) ? 

Les réseaux PAS sont des dispositifs créés en 2003, pilotés et cofinancés nationalement par le MEN et la MGEN mais articulés et adaptés aux besoins des académies. Ils permettent de co-construire une réponse pour promouvoir le bien-être au travail, développer des actions de prévention et accompagner les agents exposés aux risques professionnels. Nous mettons en place, par exemple, de l’écoute individualisée animée par des psychologues qui reçoivent gratuitement et de façon totalement confidentielle la parole de l’agent, mutualiste ou non, qui rencontre des difficultés professionnelles et/ou personnelles. Les réseaux PAS dans les académies sont déployés sous différentes configurations. Soit des situations sensibles sont identifiées suite aux remontées du terrain ou avec le bilan social, bilan dressé par l’académie sur les aspects RH de la structure. Soit une alerte est lancée par le médecin de prévention ou par le service social des personnels avec l’accord des agents concernés ou par les agents eux-mêmes. À la suite de cette alerte, on met en place des dispositifs contributifs, complémentaires aux solutions que doit apporter l’employeur. Cela peut être une formation collective, un groupe d’analyse de pratiques, un accompagnement individualisé… Le climat scolaire, les conditions de travail sont aussi des indicateurs pertinents car ils peuvent être porteurs de risques psychosociaux ou, à l’inverse, de bien-être au travail.

Que peuvent apporter ces réseaux ? 

Ils peuvent à la fois apporter des actions de prévention et de soutien. Nous intervenons notamment dans des groupes d’analyses de pratiques à la suite de la détection de situations de fragilité, un climat de travail difficile dans une équipe… en faisant appel à des psychologues experts et connaissant l’Éducation nationale. Cela pour que l’ensemble de l’équipe partage les constats et recherche collectivement la solution. Nous pouvons aussi intervenir individuellement en accompagnant la personne en l’écoutant, en lui proposant un parcours de santé au travail qui comporte des formations - voix, gestion du stress… Mais aussi en l’orientant vers des centres de santé mentale si nécessaire. Bien entendu, ces dispositifs sont complètement pris en charge. Les réseaux PAS sont dans la continuité des différentes actions de la MGEN qui œuvre pour le bien-être au travail des agents et de leur santé en général. Depuis le début de son histoire, la MGEN innove, recherche des solutions et met en place des dispositifs avant tout pour les personnes en difficulté. Depuis toujours, nous avons la volonté de trouver des réponses aux besoins des personnes et aux problématiques du terrain avec une vision de la santé au sens général de la définition de l’Organisation mondiale de la santé : bien-être global au-delà de la prise en charge financière des soins curatifs.

La prévention des risques psychosociaux passe-t-elle par un suivi médical au travail ? 

C’est un élément et un maillon important de la santé au travail. Dans le versant santé au travail, il y a notamment la qualité de vie au travail et les conséquences d’une non qualité de vie au travail, facteur de risques psychosociaux. La prévention de ces risques ne peut être efficiente que s’il existe, sur le terrain, une médecine de prévention au travail suffisante car elle est un élément essentiel pour prévenir, identifier et prendre en charge ces risques. En leur absence, la difficulté réside donc dans l’impossibilité d’établir un diagnostic complet au plus près des besoins des agents. En France, et particulièrement dans l’Education nationale, le manque de médecins du travail rend difficile cette mission.