Amiante : un danger sous-estimé
Mis à jour le 25.03.25
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Le 13 mars 2025, une conférence de presse intersyndicale a mis en lumière un problème sanitaire majeur dans les établissements scolaires français : la présence persistante d’amiante dans les bâtiments. Malgré son interdiction en 1997, cette substance hautement toxique continue d’exposer les personnels de l’éducation et les élèves à des risques graves pour leur santé.
Une menace silencieuse insuffisamment prise en compte
L’amiante a été largement utilisée dans l’industrie et la construction pendant plus d’un siècle. Son inhalation récurrente peut entraîner des maladies graves, et notamment des cancers. Classé cancérogène sans seuil, aucun niveau d’exposition n’est considéré comme sûr. Les effets peuvent apparaître plusieurs décennies après l’exposition, rendant ce danger encore plus insidieux.
Une présence massive dans les bâtiments scolaires
Une enquête réalisée en 2023 par les équipes du collectif "Vert de Rage" a révélé la présence de fibres d’amiante dans la poussière de nombreuses salles de classe. D’après un rapport de 2016, près de 85 % des établissements scolaires ont été construits avant l’interdiction de l’amiante en 1997, et plus de 70 % en contiennent encore. L’enquête ministérielle de 2024 montre peu d’améliorations, avec des bâtiments scolaires où l’amiante est parfois très dégradée, multipliant sa dangerosité, sans qu’aucune mesures correctives ne soient mises en place.
Un suivi médical défaillant
Chaque année, entre 20 et 60 personnels de l'Education nationale voient leur cancer lié à l’amiante reconnu comme maladie professionnelle. Pourtant, la prévention et le suivi médical restent largement insuffisants. La circulaire du 28 juillet 2015 prévoyait une traçabilité de l’exposition, la remise d’une attestation d’exposition et un bilan des suivis médicaux annuels. Ces obligations sont très mal appliquées, laissant de nombreuses victimes sans reconnaissance ni prise en charge adaptée.
Un manque de transparence et d’action des autorités
La FSU dénonce le manque de transparence du ministère sur l’ampleur du problème. Un questionnaire a bien été adressé aux établissements scolaires, avec 32 000 réponses obtenues sur 60 000 possibles, mais ces données ne sont toujours pas rendues publiques. Les syndicats exigent la création d’une base de données nationale recensant l’amiante dans les bâtiments scolaires et sa mise à disposition pour les personnels et les syndicats.
Des mesures urgentes demandées
Face à cette situation alarmante, la FSU appelle à une action immédiate du ministère de l’Éducation nationale et des collectivités territoriales. Parmi les revendications prioritaires :- La mise en place d’un plan national de rénovation des bâtiments scolaires pour éradiquer l’amiante.
- Un renforcement de l’information et de la formation des personnels sur les dangers de l’amiante.
- Un meilleur recensement et suivi médical des personnels exposés.
- Un accès facilité aux DTA (Dossiers Techniques Amiante) dans les établissements.
- L’intégration des tests surfaciques amiante dans la réglementation française.
L’heure n’est plus aux simples diagnostics : il est temps d’agir pour garantir un environnement scolaire sûr pour les élèves et les personnels. La FSU appelle le gouvernement à prendre ses responsabilités et à mettre en place des mesures concrètes pour lutter contre ce scandale sanitaire silencieux.