Carrières : des évolutions sans revalorisation
Mis à jour le 11.04.25
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Le ministère de l’Éducation nationale a lancé un chantier de réforme intitulé « Dynamisation des milieux de carrière des enseignants et corps assimilés », dans le but affiché de mieux structurer les parcours professionnels et de renforcer l’attractivité du métier. Si certaines propositions semblent aller dans le bon sens, la FSU-SNUipp alerte sur leurs limites et rappelle la nécessité d’une revalorisation salariale ambitieuse.
Trois axes de réforme du déroulement de carrière
Lors d’un premier groupe de travail, la Direction Générale des Ressources Humaines (DGRH) a présenté trois leviers pour faire évoluer la carrière des enseignant·es :
1. Avancer la promouvabilité à la hors classe :
Cette piste, désormais abandonnée, aurait favorisé les promotions des enseignant·es les plus jeunes au détriment de collègues plus expérimenté·es dans le métier mais en attente dans la plage d’appel. Son abandon est donc une décision saluée par la FSU.
2. Refonte des rythmes d’avancement :
La DGRH propose de supprimer les avancements accélérés et d’appliquer un rythme unique à tous et toutes. Concrètement, cela passerait par un raccourcissement de la durée dans certains échelons de la classe normale, en s’alignant sur le rythme aujourd’hui qualifié "d’accéléré". Exemple : l’échelon 6 passerait de 3 ans à 2,5 ans. Cette mesure permettrait un déroulement plus fluide, mais sans hausse significative des rémunérations.
Echelon | Durée actuelle | Projet |
1 | 1 an | idem |
2 | 1 an | idem |
3 | 2 ans | idem |
4 | 2 ans | idem |
5 | 2,5 ans | 2 ans |
6 | 3 ans | 2,5 ans |
7 | 3 ans | 2,5 ans |
8 | 3,5 ans | 2,5 ans |
9 | 4 ans | idem |
10 | 4 ans | idem |
11 | - | - |
3. Augmentation du taux de promotion à la hors classe :
Le ministère propose une montée progressive du ratio promu·es/promouvables :
- 23 % en 2025
- 25 % en 2026
- 27 % en 2027
- 29 % en 2028
Cette évolution va dans le sens d’un élargissement de l’accès à la hors classe.
Évaluations : vers un repositionnement des rendez-vous de carrière
Sans modifier leur nombre, la DGRH envisage de repositionner les trois rendez-vous de carrière :
- Le premier, 4 ans après la titularisation, serait déconnecté de l’échelon.
- Le deuxième, comme aujourd’hui, interviendrait avant l’entrée dans la plage d’appel à la hors classe.
- Le troisième, en amont de la classe exceptionnelle.
Une réforme de calendrier, donc, mais aussi de sens : pour la FSU, ce repositionnement, notamment du troisième rendez-vous, pourrait avoir des conséquences lourdes s’il devient un filtre définitif vers la classe exceptionnelle sans barème clair ni possibilité de recours.
La proposition va dans le sens de ce que porte la FSU : la classe normale se déroulera au même rythme pour toutes et tous, avec une déconnexion de l’évaluation et de l’avancement.
Une revalorisation encore très insuffisante
Si certaines propositions rejoignent les revendications de la FSU, comme l’égalité de rythme dans la classe normale ou l’augmentation du ratio à la hors classe, le compte n’y est pas sur le plan salarial.Le gain estimé pour un·e professeur·e des écoles entre l’échelon 5 et la fin de la classe normale serait de 2,3 %, un chiffre dérisoire qui ne comblera pas l’écart avec les moyennes européennes. Pour rappel un PE en France gagne :
- 13 % de moins que la moyenne des pays de l’Union Européenne ;
- 17 % de moins que celle des pays l’OCDE, après 15 ans de carrière.
La ministre peut se féliciter des mesures précédentes concernant le début et la fin de carrière, mais la réalité du terrain reste tout autre.
Des lignes rouges à ne pas franchir
Pour la FSU, plusieurs points restent inacceptables :
- L’accès à la classe exceptionnelle ne doit pas rester une voie étroite et discriminante.
- Le troisième rendez-vous ne doit en aucun cas être bloquant pour la suite de carrière.
- Aucune mesure concrète de correction des inégalités professionnelles n’est proposée.
- L’absence d’études d’impact sérieuses sur ces mesures est préoccupante.
Et maintenant ?
Un nouveau groupe de travail est attendu avant l’examen des textes en CSA-MEN, prévu d’ici l’été.
- La réforme des échelons pourrait s’appliquer dès la rentrée 2025
- Celle des rendez-vous de carrière à partir de 2026
Mais tout reste conditionné à l’arbitrage budgétaire.
La FSU reste vigilante. Si ces propositions comportent des avancées techniques, elles ne sauraient se substituer à une véritable politique de revalorisation salariale et de reconnaissance du métier. L’avancement dans la carrière doit être équitable, lisible, et accessible à toutes et tous.