La retraite : c’est pour quand ?

Mis à jour le 06.09.19

min de lecture

Système par points après 2025, recul contraint de l’âge de départ à 64 ans, voire un nouvel allongement des durées de cotisation... Le rapport publié par Jean Paul Delevoye en juillet dernier soulève de nombreuses questions et crée de l’incertitude. Plusieurs points augurent d’une baisse du montant des pensions pour les salarié·es et notamment les personnels de l’Éducation nationale. Décryptage.

Un système par points

Annoncé pour 2025, le rapport prévoit de remplacer l’ensemble des régimes actuels par un régime universel à points dans lequel « chaque euro cotisé ouvrira les mêmes droits ». Les cotisations seront transformées en points, cumulés tout au long de la carrière. Les points acquis seraient portés sur un compte individuel et leur prix d’acquisition revu chaque année en fonction de l’évolution du salaire moyen. La nouveauté c’est que l’entièreté des primes et indemnités seraient prises en compte pour acheter ces fameux points. La quasi-totalité des salarié·es seront perdant·es, notamment les fonctionnaires et particulièrement les PE qui ne touchent quasiment pas de primes. Dans le régime général, c’est l’ensemble de la carrière qui serait prise en compte y compris les années à faible revenu ou sans revenu (maladie, chômage, études, stage…). Dans la Fonction Publique, la renonciation aux six derniers mois nie le principe de carrières ascendantes avec de faibles salaires en début de carrière. Cela touchera particulièrement les femmes.
De plus, comme la règle mise en avant par le gouvernement est de ne pas accroitre la part de richesses consacrée au financement des retraites alors que le nombre de retraité·es va augmenter, le montant moyen des retraites va fortement baisser.

Pour quel montant de retraite ?

 Au moment du départ en retraite, le montant de la pension est calculé en multipliant le nombre de points acquis par la valeur de service du point, valeur pouvant être revue et ajustée continuellement par les gouvernements. Il n’y a donc plus de notion de carrière complète garantissant un taux de remplacement ou un taux plein. Il sera quasiment impossible d’avoir une visibilité́ sur la pension future. Par contre ce système, prenant en compte toute la carrière au lieu des 25 meilleures années pour le régime général ou des 6 derniers mois pour la fonction publique, ne peut que faire baisser le niveau des pensions. Il intègre en effet les plus mauvaises années de la carrière dans le calcul de la pension, alors qu’elles en sont éliminées actuellement. 

Et au fait, à quel âge ?

62 ans, 64 ans, mise en place d’un âge pivot ? Rien n’est arrêté sur l’âge du départ en retraite notamment suite aux déclarations du Président de la république qui souhaiterait que l’on évoque plutôt la durée de cotisation qu’un âge dit d’équilibre. Si on part à la retraite à 62 ans, une décote de 10% sur le montant de la pension s’appliquerait pour inciter à travailler plus longtemps. Si le système projeté évoque un « libre choix de départ » il sera de fait extrêmement contraint par le montant des droits acquis et le maintien d’un système de décote (en cas de trimestres manquants comme cela se fait déjà ou en référence lié à un âge pivot, 64 ans en l’occurrence).

Un calendrier pour la réforme ?

Le calendrier retenu par le gouvernement n’est pas facile à déterminer et cela montre à quel point le sujet est épineux et s’avère potentiellement dangereux pour le gouvernement dans une année qui sera marquée par les élections municipales. Après une année de discussion et la publication d’un premier rapport le gouvernement a décidé de poursuivre la concertation jusqu’en décembre. Celle-ci sera essentiellement organisée sur une plateforme internet dédiée à partir de questions et de points précis du rapport Delevoye.

Le SNUipp avec la FSU alerte sur une probable baisse généralisée et drastique d’une majorité des pensions dès lors que l’objectif affiché du nouveau système est de bloquer le financement des retraites à son niveau actuel alors même que le nombre de retraités va augmenter. Le syndicat continuera de défendre l’intérêt collectif et celui en particulier des enseignants et enseignantes des écoles. Il débattra avec tous les personnels sur ce projet de réforme du système des retraites afin de faire valoir et de porter ses revendications. Enfin, il les engagera à intervenir et à se mobiliser pour défendre leurs droits à une retraite de haut niveau.