Pacte enseignant : c’est toujours NON

Mis à jour le 09.02.23

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Les inquiétantes sorties médiatiques du Ministre sur la revalorisation enseignante ont été confirmées lors d’une réunion le 8 février au Ministère. Alors que la question de la baisse du pouvoir d’achat est une préoccupation majeure des personnels des écoles, le Ministère propose un “travailler plus pour gagner plus” inadmissible.

Les lignes directrices du Ministère

C’est en rappelant le « volontariat » du « pacte enseignant» que le Ministère a dévoilé ses principaux éléments cadre.
D’une moyenne de 3 600 euros brut par enseignant·e, ce pacte serait rémunéré sous forme d’Heure Supplémentaire Effectives (HSE). en fonction des missions réalisées. Contrairement à une augmentation salariale, c’est bien du temps de travail supplémentaire contre rémunération qui est proposé.
En outre, le Ministère est resté vague sur le contenu exact des missions même si l’heure de soutien en 6è apparaît comme prioritaire. D'autres pistes sont explorées comme le mentorat des élèves, les “vacances apprenantes” ou le dispositif “école ouverte”. Au fil de la discussion, le « volontariat » initial a été remis en cause dans l’hypothèse où trop peu de personnels rentreraient dans le dispositif.

Des propositions hors-sol….

À nouveau, le Ministère montre une totale méconnaissance du premier degré. Avec 24 heures devant élèves, les 108 heures et une organisation horaire très variables selon les territoires, les grandes lignes de ce “pacte” paraissent irréalisables tant elles semblent incompatibles avec l’organisation de l’école et de ses personnels. Contrairement à ce qu’annonce le ministre, le pacte risque d’augmenter les inégalités de traitement entre 1er et 2nd degré.
A titre d’exemple, la mise en œuvre de l’heure de soutien des élèves de 6ème va provoquer une désorganisation sur le terrain. Le Ministère semble oublier qu’une partie des écoles travaillent encore le mercredi matin, que des animations pédagogiques, conseils de maîtres et maîtresses ou de cycles ont lieu sur ces temps… Le Ministre reprend la « pensée magique » de son prédécesseur pour qui il suffisait de dire des choses pour qu’elles aient lieu. Cette méconnaissance des réalités de terrain relève d’un mépris insupportable pour le premier degré.

… et inadmissibles !

Mais plus encore que cette méconnaissance, ces annonces sonnent comme une provocation.
Les propositions annoncées pour le pacte montrent que la loi Rilhac va placer les directrices et les directeurs dans une position hiérarchique vis-à-vis des adjoint·es. Ils et elles devront en effet organiser les missions du pacte, les répartir et les évaluer pour en rendre compte à l’IEN ce qui correspond de fait à une mission de chef d'établissement. Loin de répondre au nécessaire allègement des tâches revendiquée par la profession, cela engendrera en plus un alourdissement de la charge de travail
Plus largement, dans le premier degré, le temps de travail explose comme le rappelle la DEPP dans son étude : 43 heures par semaine en moyenne, les 108 heures qui sont toujours allègrement dépassées et les temps d’accueil qui ne sont comptabilisés nulle part… Alors que les conditions de travail ne cessent de se dégrader, ajouter des missions supplémentaires est une ligne rouge que le Ministère franchit.

Par ailleurs, comme cela est déjà le cas pour toutes les missions particulières et les heures supplémentaires, ce type de dispositif aggrave les inégalités entre les hommes et les femmes, ces dernières étant toujours plus mobilisées par les tâches domestiques et notamment la garde des enfants. L'ensemble des enquêtes le montrent : toute augmentation du temps de travail est un facteur d’accroissement des inégalités femmes/hommes.

La FSU-SNUipp continue de dénoncer le principe du « travailler plus pour gagner plus » et s’oppose à la notion de « pacte » et aux mesures envisagées. Le syndicat exige une véritable revalorisation et revendique, comme première étape, 300 euros nets par mois pour les personnels des écoles en reconnaissance du travail déjà effectué. Il continuera à mobiliser la profession pour y parvenir.