Homophobie à l'école
Mis à jour le 20.06.23
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Itv de Gabrielle Richard, sociologue du genre
Gabrielle Richard est sociologue du genre, autrice de « Hétéro, l’école ? Plaidoyer pour une éducation anti-oppressive à la sexualité », éditions du Remue-ménage – 2020
Quelle réalité de l'homophobie à l'école ?
Quand on parle d’homophobie ou de « LGBTphobie », on se réfère à des épisodes de violences physiques, verbales ou symboliques, ciblant des élèves en raison de leur orientation sexuelle réelle ou présumée. Par exemple, un enfant traité de « pédé » est un garçon dont les pairs estiment qu’il ne joue pas son rôle « de garçon » adéquatement aux normes : trop scolaire, pas assez sportif, « trop fille »… Le sexisme et l’homophobie fonctionnent main dans la main. Cette forme de police du genre entraîne des rejets par les pairs et revêt une fonction sociale entre jeunes : elle conduit à une pyramide de « popularité » enfantine ou adolescente dans laquelle les jeunes, qui ne se conforment pas aux standards de genre et d’hétérosexualité, se situent en bas. Les enfants issus de familles homoparentales peuvent aussi être ciblés.
La culture scolaire y participe-t-elle à son insu ?
La culture scolaire cautionne effectivement l’homophobie, sans s’en rendre compte. Même si l’Éducation nationale commence à tenir des discours forts, il y a globalement peu de réflexion sur les manières dont l’école participe à légitimer ces comportements. Pour exemple, les contenus scolaires invisibilisent les personnes LGBT par une omniprésence de représentations de l’hétérosexualité et d’une conjugalité normée. En ce sens, l’école se positionne paradoxalement contre l’homosexualité : taire activement quelque chose revient à considérer que cela n’a pas sa place, ce qui alimente un jugement d’inadéquation. De même, les insultes à caractère homophobe sont souvent banalisées, avec peu d’interventions ou de déconstructions des adultes. Pour autant, quelle que soit l’intention et ce que l’on y met derrière, ces insultes entretiennent, un dénigrement de l’homosexualité.
Comment lutter ?
Pour espérer faire changer les choses, il faut prendre la pleine mesure qu’il ne s’agit pas seulement de violences entre enfants. C’est l’entière culture scolaire qui est imprégnée. On ne peut faire l’économie d’une formation qui outille les personnels et permette d’interroger les représentations, les contenus, les supports, les propos, ou encore les initiatives telles que la fête des mères ou des pères. Comment pouvons-nous rendre visibles toutes les familles, toutes les orientations et déconstruire des attentes binaires ? Pratiquer une pédagogie inclusive qui permette une expérience scolaire où chacun et chacune peut se sentir représentée et qui montre le pluriel des possibles…