Les politiques éducatives actuelles
Mis à jour le 28.09.24
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Itv de Xavier Pons professeur des universités
Xavier Pons est professeur des universités en sciences de l’éducation et de la formation
Qu'est-ce qui caractérise les politiques éducatives actuelles ?
C’est une période critique marquée par une faillite du champ politique avec une instabilité et une succession de ministres actuellement démissionnaires. L’incertitude sur la mise en œuvre de réformes, qui avaient été annoncées très rapidement, entraîne un manque de cap déstabilisant et laisse une place très grande au champ technocratique. C’est le cas du rapport de l’Inspection générale qui donne des scénarios de rationalisation des moyens. L’existence de ce rapport en soi construit déjà une politique. Par ailleurs, il existe un mode de fabrique actuel que j’appelle un puzzle accéléré : une succession de petits changements que l’on va mettre en place sans prendre le temps de l’évaluation, de la concertation, ni de la définition des enjeux.
Des petits changements qui se font au nom d’un pragmatisme, par petites touches, cachant la cohérence de l’ensemble car la direction visée est peu populaire. C’est le cas pour la généralisation des évaluations. Quel est le cap fixé sinon une rationalisation néomanagériale qui suit son cours ?
Quels sont les effets sur le métier ?
Ils restent à analyser. Mais on peut déjà parler d’un risque de sape des engagements professionnels par des détricotages perpétuels. Autre risque : une perte majeure de sens. Aujourd’hui, tout est priorité ou urgence, ce qui peut amener les enseignants à se replier sur eux-mêmes, notamment sur leurs habitudes professionnelles, au risque aussi de participer d’une reproduction des inégalités et des discriminations. Un risque de conflits de loyauté entre les missions de service public, les valeurs personnelles, professionnelles, et entre celles des politiques récentes, est possible.
Comment faire autrement ?
Il s’agirait de trouver d’autres formes de gouvernance, de nouvelles balises. Cela pourrait être une charte qui permette de se mettre d’accord sur quelques principes forts. Par exemple, ne pas mettre en place une mesure qui accroît le sort des plus défavorisés, ni une nouvelle réforme sans avoir évalué les effets de la précédente. Cela pourrait être le fruit d’une convention citoyenne, non instrumentalisée. Il serait aussi important de développer une démocratie scolaire à diverses étapes. L’école est un secteur sérieux, on a besoin, pour la politique éducative, de s’accorder sur des points de référence.