Un jeu de dupes

Mis à jour le 19.03.24

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Lutte pour la réduction des pesticides : le gouvernement recule

En pleine crise agricole, le gouvernement recule dans la lutte pour la réduction des pesticides alors que leur impact négatif sur l’environnement et la santé est indiscutable.

« L’indicateur de référence pour suivre la réduction des pesticides sera l’indicateur européen, et non plus le Nodu français », a déclaré Gabriel Attal le 21 février. Une annonce en réponse à l’une des demandes de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FN-SEA), de la Coordination rurale et des Jeunes agriculteurs mais qui est dénoncée par la Confédération paysanne, le Mouvement de défense des exploitants familiaux (Modef) et les organisations de défense de l’environnement. Derrière ce débat en apparence technique sur les indicateurs, c’est l’avenir du plan Eco-phyto 2030 et l’objectif de réduire de 50% les pesticides qui se jouent. Nombre de rapports montrent depuis les années 2000 l’impact des pesticides sur la santé et l’environnement. En 2019, l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) établit un rapport entre le déclin de la biodiversité et la contamination de l’environnement par les pesticides. L’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) , lui, publie en 2021 des expertises collectives analysant le lien entre ces substances et certaines pathologies. Les pesticides ont des conséquences sur la santé des personnes les plus exposées dans le cadre de leur activité professionnelle mais aussi sur les populations riveraines des zones agricoles ou les plus sensibles comme les enfants.

Des objectifs sans cesse repoussés

Ces différentes alertes avaient amené en 2017 l’interdiction des pesticides dans les espaces publics, puis en 2019 chez les particuliers. Pour l’agriculture, en revanche, l’interdiction ne cesse d’être repoussée. Le premier plan gouvernemental, Ecophyto I - réduction de 50% de l’usage des pesticides de synthèse dans les 10 ans - a été lancé en 2008. L'objectif de ce plan est d’abord fixé à 2025, puis à 2030. Si l’usage des pesticides a décru pendant quelques années, il a rebondi en 2021 et encore progressé en 2022. Les dernières annonces du gouvernement, qui reprend désormais à son compte le slogan « Pas d’interdiction sans solution », fragilisent l’échéance de 2030. Pourtant de nouvelles alternatives existent et doivent être soutenues. Relever le défi de la transition nécessite de poursuivre recherche et innovation. Un accompagnement pour un changement profond des pratiques agricoles est également indispensable.

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