Choc des savoirs : l’entêtement malgré le rejet

Mis à jour le 15.11.24

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Moins d’un an après les déclarations de Gabriel Attal annonçant le « choc des savoirs », la nouvelle ministre de l’éducation nationale Anne Genetêt persiste et signe en mettant en place l’acte 2 du choc des savoirs.

Une politique éducative pourtant contestée par les personnels

Durant l’année scolaire 2023-2024, la communauté éducative s’est fortement mobilisée contre le choc des savoirs. Dans tous les départements, des actions ont eu lieu pour dire non au fondement même de cette politique éducative qui met à mal les élèves les plus fragiles et socialement défavorisés et aura comme conséquence de dégrader encore plus les conditions de travail des personnels. Lors du CSE (Conseil Supérieur de l’Education) du 8 février 2024, la quasi-unanimité des membres de la communauté éducative a voté contre le projet de réforme “choc des savoirs”. Malgré cette opposition, le ministère a conforté sa mise en place dès cette rentrée, méprisant ouvertement le dialogue social. Contre ce choc des savoirs, l’intersyndicale éducation a mis en ligne une pétition qui a recueilli près de 85000 signatures, montrant que la profession reste fortement opposée à ces mesures.
Si les élections législatives ont eu pour effet de suspendre la mise en place des nouveaux programmes, la nouvelle ministre n’a fait que confirmer l’entêtement gouvernemental en les faisant publier le 31 octobre.
C’est aussi contre le savoir-faire des PE que le ministre Attal a souhaité labelliser les manuels, s'inscrivant à  contre courant de l'Histoire et de la recherche. L’intersyndicale s’est également adressée l’année dernière à la ministre Nicole Belloubet pour contester cette mesure qui n’a pour objectif que de restreindre la liberté pédagogique en imposant des pratiques standardisées..

Acte 2 du « choc des savoirs », dans la continuité d’un projet conservateur et passéiste

Si une grande partie des annonces de l’acte 2 du « choc des savoirs » comporte des mesures sur le second degré - poursuite de la mise en place des groupes de niveaux au collège, obligation de l’obtention du brevet pour accéder à la classe de seconde - d’autres sont également annoncées pour le premier degré.
Outre la poursuite de la généralisation des évaluations standardisées comme outil de pilotage du système, c’est également la refonte totale des programmes de l’école élémentaire qui est en ligne de mire de cet acte 2 ainsi que la mise au pas des pratiques enseignantes. Ces mesures, qui sont dans la continuité de la politique conservatrice et passéiste de Jean Michel Blanquer depuis 2017, n’auront pour effet que de continuer d’aggraver les inégalités scolaires, comme le montrent d’ailleurs les résultats des évaluations nationales.
Les nouveaux programmes de cycle 3 sont actuellement en train d’être réécrits et seront livrés en avril prochain. Il y a fort à parier qu’ils s’inscriront dans la logique de ceux de cycle 1 et 2 parus en octobre dernier. Ces nouveaux programmes seront-ils réellement appliqués dans les classes ? Rien n’est moins sûr tellement ils sont déconnectés des élèves et des pratiques enseignantes.

La future labellisation des manuels scolaires, prévue dans cet acte 2, avec un financement par l'État pour les écoles en REP et dans les territoires ruraux est inquiétante et complète cette mise au pas des pratiques enseignantes.
Cette volonté de passer en force sur les programmes mais également sur la labellisation des manuels montre à quel point les PE sont méprisés dans l’exercice de leur métier. L’objectif est de caporaliser les PE en imposant des pratiques uniformisées qui ne tiennent aucun compte des élèves.
Mais le mépris se trouve aussi dans la mise en œuvre qui devra se faire à marche forcée. Des webinaires organisés « à la vas-vite » pour les formatrices et formateurs qui devront ensuite diffuser des modules de formations aux enseignantes et enseignants. Et sur quel temps, puisque toutes les autres formations sont déjà engagées dans les circonscriptions depuis la rentrée ? Certainement pas sur le temps élèves comme les ministres Attal et Belloubet l’avaient pourtant promis aux organisations syndicales.

Une politique de communication qui masque un manque de moyens pour l’école

En communiquant largement sur l’acte 2 du « choc des savoirs » qui sera en place à la rentrée 2025, la ministre occulte volontairement le manque de moyens et les suppressions de postes. En effet, l’effort budgétaire imposé par les 3155 postes supprimés dans le premier degré va fortement dégrader les conditions d’apprentissage des élèves mais également les conditions d’apprentissage des élèves. Cette saignée qui s’ajoute aux 1 317 suppressions de postes des deux dernières rentrées renvoie le service public d’éducation à la vague de suppressions des années Sarkozy. Pourtant l’école est toujours à la traîne dans les comparaisons internationales qui pointent le sous-investissement de la France. La FSU-SNUipp exige l’annulation des suppressions de postes, telle que l’ont adoptée les député·es en commission.

Pour défendre l’École publique, l’accès à une culture commune pour tous les élèves, la liberté pédagogique et les conditions de travail, il est urgent d’abandonner cette réforme et d’engager un investissement massif pour l’École publique et la réussite de tous les élèves. Pour cela la FSU-SNUipp appelle à faire front contre ces mesures.