V/F : des manuels imposés… pour progresser ?
Mis à jour le 07.12.23
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A contre courant de l'Histoire, de la recherche et du savoir-faire des PE, le Ministre a annoncé vouloir labelliser des manuels. Pour faire progresser les élèves ou pour restreindre la liberté pédagogique ?
Une importante recherche de 2016, « Lire/écrire au CP », a montré que le choix du manuel avait moins d’importance dans les apprentissages des élèves que les savoir-faire des PE. D’ailleurs, un tiers des collègues associé·es à cette recherche n’utilisait aucun manuel de lecture, préférant construire une offre culturelle variée. La recherche a démontré que « les classes très acculturantes favorisent la progression des élèves initialement faibles et intermédiaires ».
Dès 1880, le ministre Jules Ferry et son Directeur de l’enseignement primaire Ferdinand Buisson, avaient précisé dans des textes officiels qu’il était nécessaire que les enseignants et enseignantes choisissent leurs supports d’enseignement : « cet examen en commun deviendra un des moyens les plus efficaces pour former l’esprit pédagogique des enseignants […], pour les accoutumer, surtout, à prendre eux-mêmes l’initiative, la responsabilité et la direction des réformes dont leur enseignement est susceptible ». La labellisation des manuels et leur imposition en CP et CE1 sont un fait jamais vu dans l’histoire, hors sous le ministère Guizot au 19ᵉ et sous le gouvernement de Vichy qui avait établi une liste de livres "exclusivement autorisés".
La perspective d’une labellisation des manuels scolaires n’est guère plus satisfaisante. Citons Célia Rosentraub, qui s’exprimait en tant que présidente de l’association Les Éditeurs d’Éducation mi-novembre 2023 : « La labellisation ajouterait une couche de complexité qui n’est pas nécessaire. Ce qui fonctionne, c’est que ce sont des milliers de choix faits par les enseignants, alors que dans un système de labellisation, ce serait une poignée qui déciderait de ce qui est bien ou pas, or le lien avec la classe est important. Tant qu’on travaille sur la base du programme officiel, il n’y a pas de risque que des contenus soient mauvais. »
La FSU-SNUipp rappelle que la liberté pédagogique, inscrite dans la loi, permet de distinguer d’une part les programmes nationaux, qui s’imposent à toutes et tous car ils ont force de loi, et d’autre part la manière de les mettre en œuvre et le choix des supports d’enseignement, qui appartiennent aux PE, professionnels de la pédagogie