V/F : efficace le redoublement, vraiment ?
Mis à jour le 04.12.23
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Le ministre de l'Éducation annonce lever "la question du tabou du redoublement". De quoi parle-t-on ?
Le ministre de l'Éducation annonce lever "la question du tabou du redoublement". Mais de quel tabou parle-t-on alors qu’il y a consensus de la recherche, basée sur des études scientifiques, quant aux effets du redoublement des élèves ? Les chercheur·euses, en France comme à l'international, ont conclu que le redoublement n'a pas d'effet positif à long terme sur les performances scolaires des élèves.
Au contraire, le redoublement a le plus souvent des effets délétères, comme l’a prouvé en 2015 le CNESCO. La recherche internationale démontre qu’il est possible que le redoublement puisse avoir des effets positifs faibles sur les performances scolaires à court terme mais que ceux-ci se dissipent très rapidement, voire deviennent négatifs à plus long terme. En effet, cela s’avère en général nocif pour la réussite scolaire des élèves et pour le développement de leur estime de soi : les effets sur la motivation, l’ambition et la confiance des élèves restent toujours négatifs. Enfin, le redoublement est inégalitaire socialement et modifie les trajectoires d’orientation et les carrières scolaires. Il détériore les conditions d’insertion dans la vie active et est le meilleur prédicteur du décrochage. Ces éléments ont conduit de nombreux chercheur·euses à qualifier de « solutions ségrégatives » le recours au redoublement et l’orientation précoce vers des filières hiérarchisées.
Ceci est encore corroboré par le Cahier des Sciences de l'Éducation n°38 en 2019, qui titre sur le fait que « Le redoublement est inefficace, socialement injuste, et favorise le décrochage scolaire ».
Avant d’annoncer des décisions infondées, le ministre devrait méditer l’avis de Jimerson émis en 2004 : si le redoublement était un médicament, il serait interdit, car il n’a pas fait la preuve de ses bénéfices, et s’accompagne régulièrement d’effets secondaires négatifs.
Pour la FSU-SNUipp, c’est par le renforcement de l’expertise enseignante permise par une formation initiale et continue de qualité, par la politique de cycle, par le renforcement des RASED que l’on peut lutter contre les difficultés scolaires.