Rentrée 2024 : Front pour l’école
Mis à jour le 27.08.24
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La conférence de presse de rentrée de la FSU-SNUipp du 26 août 2024 s’est ouverte sur un constat préoccupant de la situation actuelle de l'école en France. La rentrée scolaire, traditionnellement un moment fort de l’actualité, se déroule dans un contexte inédit et troublant, marqué par la présence d’une ministre démissionnaire de l'Éducation nationale et par une instabilité politique persistante.
Cette année, la rentrée s'annonce une nouvelle fois « pas ordinaire ». Alors que les deux précédentes étaient marquées par l'arrivée de nouveaux ministres et des déclarations hâtives visant à transformer l'Éducation nationale en un ministère régalien, cette rentrée se distingue par une situation politique inédite.
La ministre de l'Éducation nationale, démissionnaire depuis plus d'un mois, n'a pour mission que de gérer les affaires courantes, dans un contexte où la nomination d'un ou d'une nouvelle Première ministre a alimenté un feuilleton politique tout l'été. Pourtant, Nicole Belloubet persiste à défendre et à mettre en place la politique éducative du Président Macron largement désavouée dans les urnes…
“ Y aura-t-il un ou une ministre de l’Éducation nationale et restera-t-il à son poste durant toute l’année scolaire ?”
Ces dernières années, la détérioration des conditions de travail, les réformes successives non adaptées aux besoins réels, et le manque flagrant de moyens, notamment pour assurer une inclusion scolaire digne de ce nom, ont continué d'éroder l'engagement et la motivation des personnels.
Dans un contexte où les personnels sont dévalorisés, subissant à la fois un déclassement salarial et une dégradation continue des conditions d’exercice de leur métier, le sous-financement chronique affaiblit notre système éducatif. Pour la République, l'école publique mérite mieux. Il est impératif de doter les enseignants et les enseignantes des moyens nécessaires pour accomplir leur mission et redonner du sens à leur métier.
Rompant avec ses habitudes, La FSU-SNUipp a été particulièrement active lors des dernières élections législatives, pour soutenir un changement de cap politique en faveur d'une école publique plus juste et mieux dotée. Aujourd'hui, elle appelle à un « front républicain pour l'école », invitant les parlementaires à prendre rapidement des mesures concrètes pour répondre aux défis auxquels notre système éducatif est confronté.
Un bilan alarmant des politiques éducatives
L'année écoulée a été marquée par une succession de déclarations et de réformes annoncées par Gabriel Attal. Outils d’agitation par la communication, elles n'ont pas réussi à masquer l'absence de moyens alloués à l'école. Des injonctions telles que la généralisation de la méthode de Singapour en mathématiques ou l'accent mis sur les évaluations standardisées ne répondent pas aux besoins des élèves ni aux difficultés que rencontre la profession sur le terrain.
Les réformes imposées, sans concertation, ont accentué les inégalités scolaires et mis en péril l'engagement des enseignant·es. La généralisation des évaluations standardisées, qui concernent désormais toutes les classes de l'élémentaire, illustre cette dérive vers une normalisation des pratiques au détriment de la prise en compte des réalités du terrain et des besoins spécifiques des élèves. La FSU-SNUipp appelle les PE à ne pas les faire passer.
Repenser l'école avec des mesures concrètes
Pour transformer l'école et en faire un véritable levier de réussite pour tous les élèves, il est impératif de réduire les effectifs par classe, de maintenir les postes d'enseignant·es et d'abandonner les réformes inégalitaires comme le ”choc des savoirs” et le pacte enseignant. Ces mesures sont essentielles pour améliorer le climat scolaire, réussir l'inclusion des élèves , et permettre une gestion plus sereine des situations de conflit.
En outre, il est urgent de revaloriser la profession enseignante ainsi que les AESH, tant sur le plan salarial qu’au travers des conditions de travail. Les PE de milieu de carrière, en particulier, restent les grands oubliés des récentes revalorisations, alors qu'ils sont essentiels au bon fonctionnement de notre système éducatif.
Il est inacceptable que les enseignantes et enseignants français soient parmi les moins bien rémunérés de l'OCDE, et que les inégalités salariales entre hommes et femmes persistent au sein même de la profession.
Un appel à l'action
L'école publique est un pilier de notre République, et il est temps que nos élu·es prennent leurs responsabilités pour la défendre et la renforcer. Nous demandons au Parlement de voter dès cet automne une loi de finances à la hauteur des enjeux, garantissant un budget suffisant pour baisser les effectifs et un moratoire sur la carte scolaire, sans nouvelles fermetures de classe. La FSU-SNUipp appelle les personnels des écoles à se mettre en grève le 10 septembre prochain pour exiger l’abandon total du choc des savoirs et exiger un choc des moyens.
La FSU-SNUipp continuera de se mobiliser pour une école publique de qualité, inclusive et équitable, où chaque élève, chaque enseignant·e, peut trouver les conditions nécessaires à la réussite et à l'épanouissement. Il en va de l'avenir de notre société et de la confiance que nous plaçons dans les valeurs républicaines que l'école se doit de transmettre.