Faire front pour l’école : une urgence

Mis à jour le 27.08.24

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Dans une tribune publiée par le quotidien Libération, la FSU-SNUipp rappelle le rôle vital de l’école pour la République. Malgré l’engagement sans faille des personnels, elle souffre d’un manque de moyens chroniques, de politiques éducatives descendantes et hors sol et de salaires trop faibles pour jouer pleinement son rôle. Le syndicat rappelle donc que si l'école a toujours fait front pour la République, il est temps que la République et ses élu·es fassent front pour l’école.

«Dans la recomposition politique inédite que nous vivons aujourd’hui, l’école publique doit constituer la première grande cause nationale capable de rassembler une majorité qui s’accorde sur son importance décisive.»

par Guislaine David, Blandine Turki et Nicolas Wallet, cosecrétaires généraux de la FSU-SNUipp

Face aux crises climatiques, géopolitiques et sociales qui menacent notre avenir, défendre les valeurs républicaines et une culture commune capable de transformer le monde est plus que jamais un impératif. Si les personnels des écoles s’engagent chaque jour avec détermination, leurs efforts ne suffisent plus à compenser un manque criant de moyens et une succession de réformes ineptes, imposées contre l’avis des professionnels et ignorant des pans entiers de la recherche en éducation. Or cette institution, vitale pour la République, vacille.
Les moyens stagnent, les postes manquent, les classes ferment, le métier de professeur des écoles n’attire plus. Dans un contexte de dévalorisation d’une profession qui subit le déclassement salarial et une dégradation continue de ses conditions de travail, le sous-investissement chronique rend notre système éducatif fébrile. Pour la République, l’école publique mérite mieux. Il est urgent de fournir aux enseignants les moyens de travailler et de redonner du sens à leur métier. Cela passe par une formation de qualité, des recrutements suffisants et une véritable politique d’attractivité du métier.
Dans la recomposition politique inédite que nous vivons aujourd’hui, l’école publique doit constituer la première grande cause nationale capable de rassembler une majorité qui s’accorde sur son importance décisive. A court terme, nous appelons le ou la prochaine ministre de l’Education nationale à abandonner au plus vite un certain nombre de mesures inégalitaires, tels que le «choc des savoirs» et le «pacte enseignant», et à renouer un dialogue honnête avec l’ensemble des acteurs de l’éducation pour transformer notre école.

Rompre avec les politiques éducatives descendantes et hors sol

Alors qu’ils sont un levier essentiel pour la réussite scolaire, nos effectifs d’élèves par classe restent désespérément supérieurs à la moyenne de l’OCDE. Il est urgent d’en finir avec les fermetures de classe et les suppressions de postes. Plutôt que de servir un objectif d’économie budgétaire, la baisse démographique doit bénéficier à l’école et aux élèves, pour atteindre des effectifs comparables à la moyenne européenne. Climat de la classe, attention portée aux élèves en difficulté, meilleure gestion des situations de conflit, inclusion facilitée des élèves en situation de handicap… autant d’arguments qui permettent d’attester que d’avoir 20 élèves dans une classe est la clé de voûte de la transformation de l’école. Dans cet objectif, nous exhortons le Parlement à voter dès cet automne une loi de finances à la hauteur des enjeux, garantissant un budget suffisant pour les effectifs et un moratoire sur la carte scolaire, sans nouvelles fermetures de classe l’année prochaine.
A moyen terme, c’est un plan ambitieux et dans la durée qu’il convient d’engager pour le service public d’éducation. Il est impératif de faire confiance aux professionnels de terrain, ce qui impose de rompre avec les politiques éducatives descendantes et hors sol. Les mesures engagées par le gouvernement précédent, basées sur des injonctions et des incantations, ne sont pas de nature à répondre aux enjeux. Mettre en place des nouveaux programmes nécessite des temps de réflexion avec les professionnels de l’école. En 2015, les programmes avaient ainsi été conçus avec la coopération des enseignants, mais remis en cause dès 2017 par le ministre Blanquer, ils n’ont jamais pu être mis en place correctement. Or, l’éducation a besoin d’un temps long, qui n’est pas celui du politique et des ambitions personnelles des ministres qui se succèdent.

Vitale pour la République

L’école maternelle française est la première étape pour tous les élèves, elle est donc précieuse et singulière. Tout à la fois bienveillante et exigeante, elle concourt à leur réussite en permettant de ne pas brûler les étapes, par la prise en compte du rythme d’apprentissage de chacun et chacune. Favoriser leur épanouissement grâce à des locaux et un mobilier spécifiques, ainsi qu’une pédagogie adaptée au plus jeune âge permet aux enfants de comprendre les enjeux de l’école et d’y apprendre ce qui fera d’eux des élèves en réussite. C’est toute cette spécificité qu’elle doit conserver, à l’opposé de la volonté de modifier les programmes pour «préparer les élèves» aux évaluations de début de CP. Ce formatage, qui se généralise tout au long de la scolarité primaire, ne pourra que nuire aux élèves les plus en difficulté.
Mais la meilleure politique éducative ne pourra fonctionner sans que soit pris à bras-le-corps le problème majeur du manque d’attractivité du métier de professeur des écoles. Si les causes en sont multifactorielles, la question des salaires et du pouvoir d’achat reste essentielle. Malgré des augmentations obtenues en 2023, l’absence de mesures de rattrapage, de perspectives de carrière et de revalorisation vient renforcer le déclassement salarial, et donc l’image de la profession.
Vitale pour la République, l’école publique mérite mieux. La France doit réaffirmer collectivement son engagement pour une école émancipatrice, fidèle aux principes républicains et ambitieuse pour tous les élèves. L’école a toujours fait front pour la République. Il est temps que la République et ses élus fassent front pour l’école.