Rythmes : dans le Doubs, le débat dure
Mis à jour le 15.01.18
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Au moment où se prennent les décisions relatives à l’organisation de la semaine scolaire pour la prochaine rentrée, éclairage sur le département du Doubs, sa préfecture qui a fait l’actualité mais aussi ses zones rurales
« Un laboratoire social et démocratique ». Le maire de Besançon n’a pas hésité à faire référence au combat historique des ouvriers de LIP pour caractériser l’initiative qu’il a prise sur la question des rythmes scolaires dans sa commune. Le 10 décembre dernier, en effet, Jean-Louis Fousseret (élu La République en marche) proposait une consultation inédite. Après une réunion publique le 27 novembre pour éclairer le débat (250 participants), la population bisontine était conviée le 10 décembre dans 36 bureaux de vote de la ville pour exprimer ses préférences sur l’organisation de la semaine scolaire. Résultat : 57 % des suffrages pour le retour à 4 jours et 43 % pour le maintien à 4 jours et demi dont 30, 47 % pour la classe le mercredi et 12, 37 % pour le samedi. Un verdict à apprécier au regard d’une participation très faible. La municipalité, forte d’un vote des conseils d’école largement en faveur des quatre jours y voit néanmoins un point d’appui suffisant pour étayer la décision du conseil municipal qui devra in fine être validée par l’inspecteur d’académie. « D’après les premiers retours des conseils d’école, il y a convergence entre leurs souhaits et le vote démocratique des Bisontines et des Bisontins », commente Yves-Michel Dahoui, l’adjoint en charge des affaires scolaires, « Ceci ne nous empêchera pas de poursuivre la montée en puissance des activités périscolaires mises en place, elles seront simplement décalées dans le temps. ».
Majoritaire mais pas unanime
Tous les acteurs éducatifs ne sont pas si enthousiastes. Sur un dossier délicat qui ne fait pas toujours l’unanimité dans les salles des maîtres, Le SNUipp-FSU du Doubs refuse de prendre une position tranchée. Pour Karine Laurent, la co-secrétaire départementale,« les enseignants qui préfèrent une organisation sur quatre journées car leurs conditions de vie s’en trouveraient améliorées ont certainement raison, tout comme celles et ceux qui préfèrent une pause en milieu de semaine avec des journées de 5 heures 15 et donc aller en classe le samedi matin, tout autant que celles et ceux qui souhaitent préserver leurs week-ends et ceux de leurs élèves mais préfèrent des journées assez courtes donc… aller en classe le mercredi ! » La présidente de la FCPE du Doubs, Bénédicte Bonnet est sévère avec la municipalité : « ce n’est pas d’une consultation dont les acteurs ont besoin mais d’un accompagnement et d’une réflexion de fond centrée sur les besoins des enfants. L’absence de débat préalable dans les quartiers et les conseils d’école conduit les parents à invoquer des arguments pas très solides » Pour les enseignants touchés dans leurs conditions de travail, la préférence va aux quatre jours. Avec des avis qui peuvent diverger selon les lieux d’exercice. Ainsi Amandine Clerc, directrice de la petite école primaire des Sapins, dans un quartier défavorisé de Besançon. « Avec nos élèves, c’est difficile d’avoir un temps d’apprentissage l’après-midi », relève-t-elle « et la cinquième matinée de classe est vraiment un plus. ». Amandine souligne l’intérêt des activités périscolaires pour des enfants dont l’environnement culturel reste limité. A une courte majorité, son conseil d’école vient d’opter pour le maintien d’une organisation à quatre jours et demi qui a peu de chances de perdurer l’an prochain.