22 mars : les bonnes raisons d’être en grève
Mis à jour le 12.03.18
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Mobilisation unitaire le 22 mars, sept fédérations de la Fonction publique appellent les agents à se mettre en grève. Le SNUipp-FSU détaille toutes les raisons pour les enseignantes et enseignants des écoles de ne pas manquer ce rendez-vous.
Trop de fonctionnaires en France ?
En France, la part de l’emploi public dans l’emploi total est autour de 20%. Il est dans la moyenne européenne. Au regard du PIB, la masse salariale publique a très peu augmenté au cours des 35 dernières années mais dès qu’il est question de faire des économies, la Fonction publique sert de variable d’ajustement. Ainsi le gouvernement actuel cherche à faire 13 milliards d’économies d’ici 2022 en supprimant 120 000 postes de fonctionnaires et en lançant un plan de départs volontaires. Cette suppression massive de postes entraînera l’abandon de missions de service public. L'ensemble des usagers sera touché. Dans le même temps, la suppression de l’ISF, c'est trois milliards par an en moins dans les caisses de l’État.
Se mobiliser le 22 mars, c’est agir pour des services publics de qualité au service des usagers. Parce que les fonctionnaires assurent des missions essentielles pour le développement et la cohésion du pays.
#PasPlusDe25
Développer l’emploi public, ça concerne aussi l’école. La taille des classes a une incidence directe sur la réussite des élèves et les conditions de travail des enseignants. La réduire permet plus aisément le travail sur le langage dès la maternelle et jusqu'au cycle 3, le travail de groupes, les manipulations et le suivi de chaque élève. Les 3 881 postes créés pour la rentrée prochaine ne permettent pas d'assurer la mesure de dédoublement en éducation prioritaire tout en maintenant les « Plus de maîtres », en abondant les RASED où en abaissant les effectifs partout où c'est nécessaire. Pour le SNUipp, il ne doit pas y avoir plus de 25 élèves par classe et pas plus de 20 en éducation prioritaire !
Se mobiliser le 22 mars, c’est revendiquer plus de moyens pour l'école.
Plus de contractuels et moins de fonctionnaires
La précarité est déjà importante dans la Fonction Publique où un agent sur cinq est aujourd'hui recruté sur contrat (CDD, CDI ou contrat aidé). La volonté du gouvernement de recruter plus massivement « sous contrat » est une remise en cause du statut de fonctionnaire, avec des conséquences en termes de salaire, de temps incomplets imposés, de déroulement de carrière et de possibilités de formation. Autant d'aspects qui nuisent au maintien et au développement de services publics de qualité sur tout le territoire. L'Éducation nationale n'est pas en reste et recrute elle aussi des contractuels enseignants et non enseignants (AESH, aide administrative...)
Se mobiliser le 22 mars, c’est agir pour une Fonction publique efficace qui assure toutes ses missions auprès de tous les citoyens, sur tous les territoires. Les agents de l'Etat doivent être recrutés par concours, avoir un statut de fonctionnaire pour garantir la pérennité des services publics.
Mal payés, mal considérés
Après 15 ans d’exercice, les enseignants du primaire en France sont payés 22% de moins en moyenne que leurs homologues exerçant dans les autres pays de l’OCDE et 37% de moins que la moyenne dans les 11 pays comparables ayant un meilleur système éducatif. Ainsi, c’est l’attractivité d’un métier qui est remise en cause et au final la reconnaissance des qualifications des agents qui est bafouée.
Se mobiliser le 22 mars, c’est exiger la reconnaissance et la revalorisation de nos métiers et de nos qualifications !
Pouvoir d’achat en berne
Le gouvernement a annoncé un nouveau gel du point d’indice pour 2018 alors que sa valeur était déjà restée identique, c’est à dire « gelée » de juillet 2010 à juillet 2016. C’est inacceptable ! Les fonctionnaires ont déjà subi plus de 9% de perte de pouvoir d’achat depuis 8 ans, en tenant compte de l’inflation et de l’augmentation de la retenue pour la retraite sur le traitement brut.
Se mobiliser le 22 mars, c’est peser sur le « rendez-vous salarial » fixé par le ministre et exiger un rattrapage des pertes de pouvoir d’achat.
Le jour de carence, une mesure injuste et inefficace
Le rétablissement du jour de carence en cas de congé maladie représente une double peine pour les fonctionnaires. En plus de constituer une nouvelle amputation de leur pouvoir d'achat, venant s'ajouter à celles dues au gel de la valeur du point d’indice, à l'augmentation des cotisations retraites, il punit les agents, considérant qu'ils sont coupables d'être malades. De plus, le jour de carence est inefficace. Il conduit à différer l’arrêt de travail et à dégrader davantage l’état de santé du salarié. Les arrêts sont moins nombreux mais plus longs.
Parler d’équité avec le privé n’est pas juste puisque pour deux tiers des salariés du privé les jours de carence sont compensés par l’employeur ou par des conventions avec les mutuelles. Plutôt que de s’aligner sur les conditions les plus défavorables, il faut au contraire mettre fin aux jours de carence pour tous !
Se mobiliser le 22 mars, c’est refuser la double peine en cas de maladie.
Gagner un métier pour les AESH
Depuis la rentrée 2014, un "statut" d'accompagnant des élèves en situation de handicap a été créé, premier pas dans la reconnaissance des missions exercées jusqu'à présent par les AVS ou les AED. Pour autant, ce cadre d'emploi reste largement insuffisant et ne règle pas la précarité des personnels exerçant cette fonction. En tant que contractuels de la Fonction publique, leur "statut" se heurte aux limites des besoins fluctuants d’accompagnement des élèves, aux temps incomplets imposés et à des salaires insuffisants.
Se mobiliser le 22 mars, c'est revendiquer un vrai statut pour les AESH