Carte scolaire : du mieux, loin de tout régler
Mis à jour le 10.04.20
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A la surprise générale et alors que se tiennent dans des conditions compliquées les discussions dans les départements sur la carte scolaire, le ministère vient de créer 1 248 postes supplémentaires pour le 1er degré. Le SNUipp-FSU n’est pas pour rien dans cette nouvelle dotation qui montre bien que les 440 postes initiaux étaient insuffisants. Pour autant l’éducation prioritaire est la grande oubliée et des postes de maîtres supplémentaires ou de RASED sont supprimés. Le ministère ne tire pas les leçons de la crise actuelle et ne met pas tout en œuvre pour lutter contre les inégalités.
Malgré cette dotation abondée, plusieurs départements conservent un solde négatif ou une attribution très insuffisante. Notamment sur les académies de Créteil, Lille et Versailles qui ont des populations plus fragiles et un nombre important d’écoles en éducation prioritaire alors même que « la crise sanitaire a mis en exergue les inégalités tant sociales que scolaires. » Le SNUipp-FSU pour sa part continue de réclamer l’annulation de la dette scolaire partout.
La vérité des postes
Comme chaque année, le syndicat communiquera un bilan réel des opérations de cartes scolaires. Sur le terrain, la répartition des moyens semble d’ores et déjà s’accompagner d’un renoncement à une priorisation des REP et REP+, ou se fait au détriment de l’accompagnement pédagogique ou spécialisé des élèves en difficulté. Les premiers retours des comités techniques qui ont eu lieu dans les départements montrent que la baisse des effectifs ciblée sur les écoles rurales se fait en particulier aux dépens des dispositifs dédiés comme les Plus de maîtres (PMQC) ou les RASED. Ainsi dans nombre de départements les PMQC disparaissent complètement (En Isère, en Haute Savoie, dans le Doubs, l’Oise ou le Maine et Loire pour ne citer qu’eux) ou sont réduits à peau de chagrin (en Côtes d’or ou dans l’Yonne par exemple…). Les RASED subissent des suppressions importantes, comme dans le 42, le 24, le 11, le 34, le 05 ou encore le 64. 50 suppressions à l'échelle nationale sont déjà comptabilisées au moment où cet article est publié. Dans le 95, ce sont les seuils des classes dédoublés qui sont relevés.
Ces 1248 postes supplémentaires permettront d’annuler des fermetures initialement prévues sur des petites communes en maintenant une scolarisation avec des effectifs convenables dans des classes très souvent à multi-niveaux, et c’est une bonne chose. Pour autant le nombre d’élèves par classe restera globalement plus élevés que dans la plupart des pays comparables ce qui montre que le chemin est encore long. Enfin l’amélioration des taux d’encadrements ne suffit pas à lui seul à lutter contre les inégalités scolaires qui seront sans nul doute accentuées par la crise sanitaire actuelle. Ainsi, il reste incompréhensible que les postes de maitres supplémentaires ou de RASED fassent l’objet de fermetures alors même qu’ils participent grandement de l’amélioration de la qualité de l’offre scolaire pour tous les élèves. Enfin, dans la plupart des départements des postes de remplaçants et remplaçantes ne sont pas créés, comme si la continuité pédagogique n’avait plus d’importance hors confinement.
Cette dotation supplémentaire indique que d’autres choix budgétaires sont donc possibles. Il faudra veiller à ce qu’elle ne reste pas du domaine de l’exception mais au contraire l’amplifier et l’inscrire dans les années à venir pour une démarche d’amélioration durable du service public d’éducation.